Collection(s) : Essais
Paru le 07/05/2010 | Broché 304 pages
Public motivé
préface Seloua Luste Boulbina, Alberto da Costa e Silva
La dispute
Être vendu comme esclave est la plus extrême forme d'exclusion sociale. Le stigmate de l'esclavage est définitif, ineffaçable. Paradoxalement, tout au long du dix-neuvième siècle, un nombre significatif d'anciens esclaves africains revenus du Brésil sur la côte occidentale de l'Afrique sont parvenus à retrouver une place dans les sociétés auxquelles ils avaient été arrachés après avoir été vendus. Installés au Bénin, au Togo et au Nigeria, les Agoudas - ou « Brésiliens », comme ils sont appelés dans ces pays - se sont construit une nouvelle identité sociale fondée sur la mémoire de leur vie au Brésil. En s'alliant à d'anciens négriers eux-mêmes d'origine brésilienne ou européenne, ils ont pris le contrôle d'une économie en crise en raison du déclin de la traite négrière. En majorité alphabétisés, ils étaient maçons, tailleurs, menuisiers, commerçants - quelques-uns très riches - et se retrouvèrent à l'avant-garde de toutes les opérations novatrices menées dans la région à la fin du dix-neuvième siècle, avant la domination coloniale française au Dahomey.
Milton Guran, anthropologue, auteur de plusieurs études sur les Agoudas, présente la saga extraordinaire de ces hommes qui ont surmonté le stigmate de l'esclavage pour devenir des citoyens à part entière dans les sociétés mêmes qui les avaient livrés à l'esclavage.