Paru le 20/08/2009 | Broché 189 pages
Mr sebastien asselin (Millepages Librairie)
« je l’aimais inachevée »
Munich, 1933. Les autorités confient une ravissante fillette à un peintre chargé d’en faire le portrait glorieux de la nouvelle Allemagne, mais l’artiste, fétichiste torturé, va en parallèle réaliser dans l’ombre un tout autre projet (son négatif)...
Si la première page de Cadence annonce sans ambages un univers kafkaïen, lequel va se resserrer au fil de la lecture (on pense au Terrier, puis à La Métamorphose), cet étrange huis-clos se veut surtout une métaphore de la prison et de la déshumanisation générale, à savoir du bourreau et de sa victime, mais aussi de ceux qui les entourent de près comme de loin. Une poétique forte au sein du silence et de la syncope. On pense à un trompe-l’œil impressionnant, tout en ciselures et craquements, qui laisse pour longtemps le lecteur/spectateur pantois et méditatif.
«J'habite Betrachtungstrasse. Au 18 précisément. J'y suis depuis un an. Cette nuit est ma dernière ici, je vais quitter ce lieu et je suis affligé. Je suis affligé parce que tout ici me ressemblait - on me dit peu accueillant. C'était ma tanière, mon trou, mon chantier.»
Munich, 1933. Un peintre, chargé d'exécuter le portrait d'une enfant louant l'avenir radieux de la nouvelle Allemagne, se cloître en compagnie de son modèle. Mais c'est tout autre chose qu'il fait de sa jeune pensionnaire et qu'il déploie comme un cérémonial au fil de son récit. Car ce sont ses carnets que l'on lit ; le narrateur y prend son lecteur à témoin.
On hésitera à discerner dans cet étrange huis clos le jeu du rite ou de la soumission.
