Collection(s) : Littérature
Paru le 26/08/2010 | Broché 131 pages
Mme Florence Lorrain (Librairie Atout-Livre)
Un beau livre doux et grave sur le thème de l'exil et de ses causes : Ce cycle éternellement renouvelé de l'exil... une expèrience universelle depuis la nuit des temps.
Novembre 1944, Budapest. Deux adolescents ont fui la région du Banat où ils ont grandi. Ils sont seuls au monde, mais ensemble. Quelque chose, pourtant, plus fort que le soutien vital de leur amitié, va les séparer définitivement.
L'un des deux, le narrateur, reconstruira sa vie en France, dans la région même qu'une partie de ses ancètres avait quittée au début du XXième Siècle pour s'installer au Banat : une région fertile ravie aux Turcs par l'Empire austro-hongrois au XVIIIième Siècle, repeuplée par des colons d'origines et de langues diverses, devenue soudainement roumaine en 1919...
Soixante ans plus tard, il revient sur les raisons de leur séparation, les liant à la spécificité même de cette région d'Europe centrale...
Florence LORRAIN
De lait et de miel. Au premier regard, quand il la rencontre en 1957 à la sortie d'un concert au bénéfice des réfugiés hongrois, le narrateur sait qu'il peut offrir à Zsuzsanna une vie de lait et de miel. Avec cette jeune femme volontaire et lumineuse, qui a fui Budapest et sa révolution manquée, il a en commun l'expérience de l'exil et, chevillé au corps, le désir de construire un avenir possible. Arrivé en France quelques années plus tôt, il a lui aussi échappé à l'étau de l'histoire.
Parvenu au soir de sa vie, il se remémore son long combat contre le typhus, dans un hôpital de fortune, après qu'à l'automne 1944 il a quitté précipitamment avec son ami Stefan la ville de Temesvar que se disputaient les puissances ennemies. Roumain du Banat, d'origine française pourtant, il ne s'est jamais senti tout à fait chez lui dans cette Champagne où avec Zsuzsanna devenue Suzanne il a fondé une famille. D'autant que la malédiction d'un drame intime n'a pas tardé à rattraper ces deux-là, qui avaient tant voulu oublier les traumatismes collectifs.
Le vieil homme, qui se confie par bribes à son fils Gabriel, aimerait trouver l'apaisement. L'on comprend à quel point Stefan lui a manqué pendant tout ce temps. Leur séparation sur un quai de gare à Budapest soixante ans auparavant le hante toujours...
Dans ce deuxième roman, Jean Mattern construit avec justesse et maîtrise l'histoire intime d'un double exil. Tissant avec une grande subtilité sentiments et sensations diffuses, il donne corps à des personnages d'une émouvante vérité.
Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d'Europe centrale. Il vit à Paris avec sa femme et ses trois enfants et il travaille dans l'édition. Son premier roman, Les Bains de Kiraly, a été traduit dans sept langues.
