Collection(s) : Littérature française
Paru le 25/08/2010 | Broché 252 pages
Mme Florence Lorrain (Librairie Atout-Livre)
Emma et Thérèse étaient deux jeunes provinciales émancipées, toutes deux institutrices lorsqu'elles se rencontrèrent en 1929 et tentèrent de construire ensemble une vie libre et engagée, sans interdictions ni concessions, animées avant tout par l'amour de la littérature, de la poésie et de la nature.
Qu'ont-elles fait de leur liberté lorsque l'Histoire les rattrapa en 1939 ? Emma, complexe, exubérante, une ouvreuse de chemins , se retrouva coincée en Alsace avec l'homme qu'elle avait épousé en 1936 (cause de sa rupture avec thérèse), devenue la femme de , subissant l'annexion allemande dans le silence. Thérèse, discrète, fragile, mélancolique, toujours en retrait, devint responsable d'un réseau armé communiste en Bretagne et mourut au bout de quatre jours de tortures sans avoir parlé.
Emma était la mère de Claudie Hunzinger. Elle avait laissé des cahiers à sa mort, survenue il y a vingt ans, où elle avait écrit sur sa vie comme écrivant un roman. Claudie Hunzinger les avait lus de son vivant mais elles n'en avaient jamais parlé ensemble. En 2005, elle en reprit la lecture avec son fils Robin, en vue de la réalisation d'un film ( Ou sont nos amoureuses , 2007 , qui sera primé à deux reprises). Le souvenir de l'histoire d'amour d'Emma et de Thérèse, qui l'avait fascinée jeune fille, resurgit alors de plein fouet : Thérèse avait hanté la vie de sa mère, de fait la sienne propre, sans qu'elle en eût été consciente jusque là.
Claudie Hunzinger entreprit alors des recherches qui la menèrent en Bretagne, où elle rencontra Germaine, l'unique survivante du réseau de Thérèse, dont elle avait été l'agent de liaison. Commença alors entre Germaine et Claudie une correspondance ...
Le chapitre "Thérèse", dans les cahiers d'Emma, était resté vide depuis leur séparation. Emma avait pourtant entrepris un voyage en Bretagne après la guerre, y emmenant Claudie, qui avait alors sept ans. Emma n'avait rien trouvé, pas même la sépulture de Thérèse. Elle n'en avait plus jamais reparlé.
Le témoignage de Germaine est donc capital. Constituant la partie manquante du "roman" d'Emma, morte sans avoir jamais su quelle avait été la vie de Thérèse sans elle, il permet à Claudie Hunzinger d'achever, avec ce roman, celui de la vie d'Emma. Un roman dont l'enjeu principal s'est situé dans l'écriture-même : s'émancipant de tout recours aux guillemets et citations en retravaillant les textes d'Emma et de Germaine, les incorporant à ses propres questionnements, et, s'inspirant de photos, elle reconstitue l'histoire de Thérèse et d'Emma dans toute sa dimension tragique.
Un drame dans un contexte historique fort et deux héroïnes splendides : Emma et Thérèse, où la réincarnation d'Ismène et d'Antigone. Une Emma douée pour la vie, une amoureuse qui ne défiera pas le destin et s'effacera. Une Thérèse douée pour le refus, petite janséniste à structure sauvage, petite servante de l'absolu, avait écrit Emma sous une photo après leur rupture.
C'est magnifique et bouleversant.
Florence LORRAIN
«Thérèse disait qu'elle se compromettait follement. Je n'ai pas coutume de m'occuper de l'opinion des autres, répondait Emma. La mienne me suffit. Et je trouve plus honorable d'être au ban de la société qu'en ses trônes d'honneur.»
C. H.
Elles vivaient d'espoir est un roman qui raconte l'émancipation de deux femmes, Emma et Thérèse. Elles tentent de construire ensemble, dans les années trente, une vie à la fois amoureuse et engagée, parallèlement à la montée des utopies et du nazisme. Un homme et la guerre vont les séparer. Leur histoire personnelle rejoint alors la grande Histoire et l'horrible beauté des tragédies.
Claudie Hunzinger est née en Alsace. Elle est poète, peintre et artiste plasticienne. Elle a publié en 1973 Bambois la vie verte, un récit. Elles vivaient d'espoir est son premier roman.
