Collection(s) : Anthropologie prospective
Paru le 30/12/2009 | Broché 158 pages
Public motivé
Xavier Capodano
(Le Genre urbain)
Il faut souvent être prudent lorsque l’on prédit le succès de tel ou tel livre, mais cette fois je vais faire une petite entorse à cette règle (que personne ne m’a imposée d’ailleurs !). L’ouvrage de Michel Agier va faire partie de ces livres qui vont être lu et relu par des générations d’étudiants, de chercheurs, d’architectes et de toutes personnes qui s’intéressent de près ou de loin à la ville. Ici l’anthropologie n’est pas utilisé comme une sorte de « méta-discipline » qui pourrait avoir réponse à tout en matière de problématiques urbaines, mais plutôt comme une approche sensible et modeste pour montrer à quel point il est nécessaire de ré questionner voire de sortir en permanence des processus de catégorisation produit par les sciences sociales (l’auteur n’hésite, avec un certain humour, à « tacler » une sociologie urbaine arrogante et sur de son fait). A travers différents terrains de recherche, que ce soit en Afrique, en Amérique Latine et en Europe, Michel Agier nous propose trois grands thèmes pour comprendre l’évolution de la ville : les savoirs, les espaces et les situations. Pour l’auteur il devient très important de penser la citadinité, la citoyenneté et le monde qui vient. Mais ce qui est véritablement remarquable dans ce petit recueil mélangeant, articles de revues et interviews, c’est la grande pédagogie qui dégage de ce livre. Après tout quelqu’un qui est capable de vous résumer en quelques lignes, aux détours d’une réponse à une question, les travaux de l’Ecole de Chicago (les pères fondateurs de la recherche urbaine), ne peut avoir que tout mon respect.
Au moment où la ville, dit-on, se « défait », le regard anthropologique s'avère plus nécessaire que jamais pour retrouver, sans préjugé ni modèle a priori, les genèses et les processus recréant sans cesse et partout l'espace partagé de la ville.
Michel Agier a enquêté pendant plusieurs années dans les quartiers périphériques, les établissements précaires et les campements, en Afrique noire, en Amérique latine et plus récemment en Europe. Sur cet ancrage ethnographique, il propose des pistes pour répondre à la question du « faire ville » aujourd'hui.
À partir de trois entrées ou « esquisses » distinctes et convergentes - les savoirs (La ville des anthropologues), les espaces (La ville à l'oeuvre) et les situations (La ville en mouvements) -, l'ouvrage défend la possibilité et l'utilité pour tous (habitants, concepteurs, observateurs et réformateurs) d'une conception anthropologique de la ville.
Michel Agier est anthropologue à l'IRD et directeur d'études à l'EHESS (« Anthropologie des déplacements et nouvelles logiques urbaines »). Il a occupé en 2004 la chaire Leclercq à l'Université de Louvain. Il a notamment publié La Sagesse de l'ethnologue (L'oeil neuf, 2004), Salvador de Bahia : Rome noire, ville métisse (Autrement, 2005) et Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008).
