Serie : Les cahiers ukrainiens
Paru le 08/02/2023 | Relié 167 pages
traduit de l'italien par Laurent Lombard
Igort commence ce cahier en racontant qu'au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il est submergé d'appels. Des amis, des connaissances, des amis d'amis qui souhaitent témoigner, raconter ce nouveau quotidien qu'est la guerre mais aussi savoir. Car les informations là-bas sont délivrées de façon parcimonieuses et pas toujours véridiques.
Tout en finesse et en justesse, Igort évoque ce nouveau quotidien, celui qui est peu rapporté par les médias, les gestes de tous les jours mais aussi la résistance et le combat. Il le dit lui-même : "Mon travail commence lorsque le travail du journaliste termine [...] ce qui m'intéresse ici ce n'est pas le scoop [...] moi, je suis intéressé par le travail du documentariste, par montrer ce qu'on ne voit pas".
C'est donc une autre image du conflit qui nous est donné à voir et elle est d'une importance capitale !
« Ils sont entrés.
Les Russes sont entrés en Ukraine ».
Et une guerre commence.
Avec les voix agitées au téléphone, depuis le champ de bataille.
Les sanglots, les peurs, les bribes de parole.
Soudain, tout change.
Et il faut s'habituer à l'angoisse.
Alors tu te demandes si tu peux aider, et comment.
Le téléphone sonne et les nouvelles s'accumulent,
en désordre. Les questions fusent.
Sveta, Masha, Anatolij, Jenia demandent des informations qui là-bas n'arrivent sans doute pas.
Alors toi, qui es à deux mille kilomètres de distance et qui écoutes tous les reportages, lis tous les journaux, regardes toutes les émissions spéciales à la télé, tu t'informes, tu essaies de rassurer.
Et tu mens.
Si ton cerveau refuse d'accepter ce que tu entends et lis, comment celui qui est prisonnier de ce cauchemar pourrait-il le faire ?
Igort
Bologne-Dnipropetrovsk, 25 février 2022
