Collection(s) : Cadre vert
Paru le 15/09/2010 | Broché sous jaquette 315 pages
traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis
Xavier Capodano (Le Genre urbain)
Quand on a la prétention de faire (de son vivant) sa biographie posthume, le résultat a intéret d'être à la hauteur. Hé bien il l'est, et même formidablement. John Coetzee à 30 ans, il revient, à travers le témoignage de quatre femmes et un homme, sur cette période de sa vie. Ses amours, ses doutes, sa timidté avec les femmes, le rapport à son père et à son pays l'Afrique du Sud, les relations avec sa famille forment un ensemble d'une finesse telle que l'on ne peut-être que concerné qu'au plus profond de soi. Un très grand livre, on y retrouve toute l'intelligence découverte dans "Disgrâce".
Après Scènes de la vie d'un jeune garçon et Vers l'âge d'homme, voici le troisième volet de l'entreprise autobiographique de Coetzee : il a atteint la trentaine et, de retour au pays natal, partage avec son père vieillissant une maison délabrée dans la banlieue du Cap.
Autobiographie fictive puisque l'auteur confie la tâche d'un portrait posthume à un jeune universitaire anglais qui recueille les témoignages de quatre femmes et d'un collègue qui auraient compté pour l'écrivain en gestation dans les années 1970.
Ce quintette de voix laisse entrevoir un homme maladroit, mal à l'aise, brebis galeuse de la famille afrikaner qui peine à ouvrir son coeur. La femme adultère, la danseuse brésilienne, la cousine chérie, l'universitaire et la maîtresse française s'accordent à faire de lui un amant sans chaleur, un amoureux indésirable, un enseignant sans charisme.
Ces entretiens sont encadrés de notes et fragments extraits de carnets où l'écrivain s'interroge et se cherche.
Dans ce récit où se mêlent le comique et le ridicule, la mélancolie et le désespoir, Coetzee se livre avec prudence et dévoile peu à peu un coeur en souffrance sous la cuirasse. Il invite une nouvelle fois le lecteur à une superbe méditation sur la condition humaine.