Collection(s) : Futurs antérieurs
Paru le 23/01/2014 | Broché 196 pages
Public motivé
traduit de l'anglais par Christophe Jaquet | présenté par Philippe Minard
En 1723, le Parlement anglais adopte une loi terrible, le Black Act, qui punit de pendaison le braconnage des cerfs dans les forêts royales et les parcs seigneuriaux. La peine de mort est bientôt étendue au simple fait de venir y ramasser du bois ou de la tourbe. L'atteinte à la propriété est ainsi criminalisée à l'extrême, et la loi ne sera abrogée qu'un siècle plus tard, en 1827.
Cet épisode s'inscrit dans la longue histoire de la résistance paysanne face à la montée d'une conception de plus en plus exclusive de la propriété, qui grignote peu à peu les anciens droits d'usage coutumiers, et réduit les plus faibles à la misère. Il illustre la violence de la domination sociale dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, où l'oligarchie règne par la loi du profit et la corruption.
L'analyse magistrale qu'en donne le grand historien britannique Edward P. Thompson montre comment s'impose, dans l'arène juridique, l'individualisme possessif face aux droits collectifs. Elle fait revivre la brutalité du pouvoir des notables, et la détermination des braconniers, perdants magnifiques : la «guerre des forêts» est aussi une lutte de classes sans merci.
Edward P. Thompson (1924-1993) est l'un des historiens les plus cités dans le monde. Après La Formation de la classe ouvrière anglaise (1963, traduit seulement en 1988), son deuxième chef-d'oeuvre, Whigs and Hunters (1975), est ici rendu disponible en français sous une forme condensée.