Collection(s) : Ateliers populaires de philosophie
Paru le 10/05/2016 | Broché 78 pages
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La figure du monstre peut servir de fil conducteur pour comprendre les mutations de notre conception de l'homme. La définition traditionnelle du monstre comme un être contre nature postulait une essence humaine immuable. La pensée évolutionniste moderne a réintégré le monstre dans la mécanique des lois naturelles. Mais elle en a fait un dégénéré dont la structure dévoile un arrêt du développement normal. La philosophie contemporaine est parfois tentée de récuser l'idée de nature humaine. Serait-ce également en finir avec la monstruosité ? C'est peu probable. L'absence d'essence de l'homme et sa plasticité totale l'ouvrent à tous les possibles, y compris les pires. Chacun, dans ces conditions, peut se transformer en bourreau. L'humanisation du monstre nous contraint peu à peu à reconnaître la monstruosité de l'homme. Nous avons tenté de repousser le monstre aux confins de l'humanité, puis de l'éliminer. Il a trouvé refuge en nous.
Gérard Amicel, agrégé et docteur en philosophie, est professeur à Rennes. Il a publié Le Sens de la vie aux Éditions Apogée (2014).