Collection(s) : Actualité de la philosophie
Paru le 24/01/2013 | Broché 206 pages
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La puissance du simulacre
Qu'est-ce que la fameuse caverne de Platon si ce n'est la plus grande chambre noire que l'on ait jamais réalisée ? Reprenant cette intuition de Paul Valéry, Jean-François Mattéi procède à une relecture magistrale des grands dialogues de Platon, de La République au Timée, pour y découvrir la matrice de notre monde, un monde envahi par les images et les simulacres. Du cinéma aux jeux vidéo en passant par Internet, le cyberespace et les téléphones portables, nouvelles « cavernes personnelles », les images ont en effet pris le pouvoir. Censées initialement représenter le réel, elles se sont mises à le simuler, à le dupliquer, voire à l'absorber pour faire surgir une nouvelle dimension, celle du virtuel. Matrix, Avatar, World of Warcraft, Toy Story, la 3D, sont le vecteur de cette révolution.
Pour la plupart des philosophes, la victoire des simulacres constitue un renversement sans précédent du rapport entre image et réalité, institué il a 2 500 ans par Platon. Les images ne seraient plus le miroir d'une réalité intelligible qui leur confère consistance, mais de purs simulacres sans aucun rapport avec le réel. En croisant la lecture minutieuse de Platon avec une plongée passionnante dans les processus les plus contemporains de modélisation des images, cet essai démontre qu'il n'en est rien. Loin d'être autonomes, les phénomènes de simulation proviennent de procédés rationnels qui projettent leur intelligibilité dans le sensible. Et ces procédés artificiels redoublent l'opération première, advenue dans la nuit des temps, au cours de laquelle le monde fut structuré grâce à des modèles intelligibles qui se sont inscrits en lui.
Spécialiste de Platon mais aussi passionné de cinéma, Jean-François Mattéi est professeur émérite de l'université de Nice-Sophia Antipolis, membre de l'Institut universitaire de France. Il est l'auteur d'ouvrages d'histoire de la philosophie (L'Étranger et le Simulacre : essai sur la fondation de l'ontologie platonicienne, PUF, 1983) mais aussi d'essais intempestifs sur le monde contemporain (Philosophie de la chirurgie esthétique : une chirurgie nommée Désirs, Odile Jacob,2011, ou Le Regard vide : essai sur l'épuisement de la culture européenne, Flammarion, 2007).