Paru le 10/05/2019 | Broché 190 pages
traduit du russe et révisé par Christine Zeytounian-Beloüs
En 1962 Sergueï Dovlatov prend ses fonctions de garde dans le camp à régime spécial d'Oust-Vymsk, au Kazakhstan, un camp de prisonniers de droit commun. Dans une atmosphère multiethnique où les rôles principaux se redistribuent entre simples soldats, gradés et prisonniers en tout genre, l'auteur relate les événements qui accompagnent la vie du camp, sous la forme d'épisodes singuliers. La Zone est un témoignage romancé du monde concentrationnaire, de son langage et de ses lois propres. Tout en maniant l'ironie, qui caractérisera son style dans ses écrits postérieurs, Dovlatov relate la violence et l'amour, l'absurdité et la loi, dans un univers où la parole, à l'instar de la langue littéraire, demeure peut-être l'unique moyen de transformer la réalité du camp.
La Zone est le premier livre de Dovlatov, qui tentera vainement de le faire publier en URSS et qui devra attendre d'émigrer aux États-Unis pour le voir édité en 1982. Il décide alors de jalonner son texte de « Lettres à l'éditeur » pour expliquer clairement sa vision des camps et défendre la singularité de son point de vue.
Sergueï Dovlatov (1941-1990) est né dans l'est de la Russie à Oufa où sa famille avait été évacuée au début de la Seconde Guerre mondiale. Ses parents étaient issus du milieu théâtral de Leningrad, ville qu'ils réintégrèrent en 1944. Journaliste pour des journaux de province, il se fait régulièrement renvoyer pour indiscipline. Il ne sera jamais publié de son vivant en Union soviétique, ses écrits y sont taxés d'« idéologiquement hostiles ». Émigré aux États-Unis en 1978, il y publiera ses livres jusqu'à sa mort à New York en 1990, à l'âge de 48 ans.