Paru le 18/10/2018 | Broché 57 pages
Tout public
Le Corbusier n'a pas rencontré Freud
Ce petit texte polémique écrit pour une conférence que Roland Castro donna aux étudiants de l'Université de Princeton aux États-Unis en 1993 n'a rien perdu de son actualité. Il dit en clair que si Le Corbusier était un grand artiste, il théorisa une idée de l'homme et de sa façon de vivre dans un lieu (habiter, travailler, se divertir et circuler) si radicalement réductrice, qu'elle empoisonne encore nombre de ses émules qui ont infesté le monde entier de ces barres d'immeubles, cités HLM et autres grands ensembles hideux et invivables. Il est donc urgent de prendre en compte dans tout projet urbain la part d'ombre qu'il y a en chaque être humain dont Freud, le premier, entreprit de sonder les tréfonds et crucial de se souvenir qu'il n'y a pas d'algorithme, de pensée scientiste qui puisse se substituer à la complexité humaine et qu'il en va de notre vie en commun.
Roland Castro incarne à lui seul le parcours idéologique d'une génération traversée par le mouvement de mai 68. Architecte, penseur de la ville, essayiste, professeur, citoyen engagé, il sait que pour « changer la vie », slogan de Vive la Révolution, groupe maoïste spontanéiste dont il fut un des fondateurs en 1970, il faut ancrer dans l'esprit des politiques que l'habitat, la ville, les banlieues sont un enjeu majeur.
Banlieue 89, premier Grand Paris, remodelage urbain puis Grand Paris multipolaire sont autant de jalons pour concrétiser sa vision rêvée d'un Paris en Grand, intense et agreste, autarcique en énergie. Un droit à l'urbanité pour tous est un des grands combats de sa vie.