Collection(s) : Feuilleton non-fiction
Paru le 12/10/2017 | Broché 252 pages
Tout public
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Lazare Bitoun
Dedalus du Lower East Side, Joseph Mitchell a su peindre les rues du vieux Manhattan comme retranscrire la drôlerie désespérée de sublimes anonymes bringuebalant l'Histoire dont ils sont les héritiers. Chacun de ses caractères entonne tour à tour son aria : le patron d'un restaurant, le marin-pêcheur, l'ostréiculteur, le prêcheur composent l'oratorio d'une cité en perpétuel mouvement. La déambulation hasardeuse de l'arpenteur urbain est à l'image de ses digressions fulgurantes : imbriquées les unes dans les autres comme les blocks aux quartiers.
Quand en 1960 paraît Le Fond du port, Joseph Mitchell a cinquante et un ans. Soutier du journalisme, il est devenu un auteur littéraire à part entière. L'attention au détail, le sens de la construction, la minutie obsessionnelle, il avait élevé le reportage au rang d'art et mêlé fiction et réalité avec une maestria inégalée. Inoubliable volume, Le Fond du port, tient autant de la chronique d'un temps révolu que de la collection littéraire, au sens d'un inventaire cabossé par la poésie des rues et des noms, Fulton Street, Louie Morino, M. Hunter comme autant de notes d'un blues du macadam.
Joseph Mitchell
Né en 1908 dans une ferme de tabac et de coton en Caroline du Nord, après de brèves études de médecine Joseph Mitchell s'installe à New York en 1929. Il devient reporter, d'abord pour le World et le Herald Tribune puis le mythique New Yorker.
Ses chroniques et portraits, oeuvre littéraire à part entière mêlant faits et fiction, furent réunis dans plusieurs recueils : My Ears Are Bent, Le Merveilleux Saloon de McSorlep, Le Fond du port, Old Mr. Flood. Après la parution du Secret de Joe Gould, son livre culte, et jusqu'à sa mort, ce « parangon des journalistes » ne publie plus un papier et devient une sorte de Bartleby qui aurait troqué ses habits de scribe pour ceux d'un journaliste qui préfère ne pas, ou plutôt ne plus.