Paru le 15/05/2012 | Broché 355 pages
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par M.-B. Gramont
Au tournant du XXe siècle, Chicago est la première place mondiale d'échanges des matières premières, gigantesque marché où se fait et se défait la prospérité des hommes et des nations. Curtis Jadwin est un financier réputé, l'un des plus riches de Chicago, reconnu pour sa générosité et sa grande prudence dans la gestion de ses affaires. Aspirant à profiter en paix de sa fortune, il saisit pourtant l'occasion d'une dernière spéculation, d'un dernier «coup» sur le marché du blé. Fatale décision, terrible engrenage qui l'oblige à une poursuite sans fin du profit. Avec Le Gouffre, Frank Norris (1870-1902), chantre du réalisme littéraire américain, nous entraîne dans l'une des premières spéculations boursières modernes, qui bouleversa les structures économiques de l'époque. L'auteur dénonce dans ce roman les dangers d'un monde financier où le jeu et l'appât du gain priment sur la raison et la pondération, faisant naître de douloureuses résonances avec l'état de notre monde en ce début de XXIe siècle.
Huit heures sonnaient, et dans le hall d'entrée de l'Auditorium Theatre, non loin du guichet, Laura Dearborn, sa jeune soeur Page et leur tante, Tante Wess', attendaient toujours leurs amis. Une rumeur confuse de piétinements et de conversations s'élevait dans le hall, qu'emplissait une foule compacte, lente, élégamment parée. De temps à autre pénétrait un courant d'air humide et glacial lorsque les portes extérieures et intérieures s'ouvraient simultanément, dans lequel se devinait l'âpreté pénétrante d'une soirée de fin février à Chicago. L'Italian Grand Opera Company donnait ce soir-là l'une des pièces les plus populaires de son répertoire, et les Cressler avaient offert aux deux soeurs et à leur tante de partager leur loge. L'entrée de l'Auditorium avait été choisie comme (...)