Paru le 11/11/2013 | Broché 272 pages
Tout public
traduit de l'anglais par Christine Destruhaut
Après avoir survécu à l'une des ères les plus violentes de l'Histoire, à une époque où une petite défaillance en termes de technique de maniement du sabre peut faire la différence entre la vie et la mort, Musashi consacre toute son existence à partager ses connaissances issues de sa quête farouche de l'excellence. Au Japon, auréolé du titre de kensei, ou « épée bénie », il incarne une légende.
Rédigé voilà plus de 350 ans, ce traité classique - empreint d'influences zen, taoïste et se réclamant du bouddhisme Shingon - instructif et divertissant, n'en demeure pas moins un guide de stratégie. L'ouvrage défend la thèse, au vu d'une expérience, au sens littéral, âprement acquise, qu'il est possible de parvenir à une maîtrise totale de son art, en cultivant l'autonomie, l'autodiscipline et le désir d'être le meilleur.
Iconoclaste au sein d'une société privilégiant la conformité et la pensée de groupe, Musashi suit les principes qui l'érige en modèle pour quiconque s'efforce de mener une vie sous les auspices de la liberté et de l'indépendance. Cette édition de luxe illustrée du XVIIe siècle comporte deux autres courts textes de son cru et une introduction exposant le contexte historique et culturel de l'homme et de ses écrits.
« Lorsque des êtres expérimentés mènent une action, ils peuvent donner l'impression de se déplacer lentement mais ils ne manquent jamais leur cible. En toute chose, lorsque des personnes entraînées entreprennent une activité, elles ne semblent jamais le faire dans la précipitation. S'appuyer sur ces exemples vous permettra de comprendre les principes de la Voie. »
Le Gorin-no-Sho - connu dans le monde occidental sous la dénomination Livre des cinq roues ou Écrits sur les cinq éléments -, est aux côtés du Hagakure, l'un des deux ouvrages les plus célèbres se réclamant du bushidô - code du samouraï -, datant de l'époque d'Edo (1603-1868).
Bien que Musashi, tout comme Yamamoto, reconnaisse l'importance, pour le guerrier, d'une volonté de mourir, il souligne que la victoire constitue la finalité suprême ; parmi les principes fondamentaux sous-tendant sa philosophie liée à l'art du maniement du sabre priment les efforts incessants pour atteindre l'excellence et l'aspiration à être inégalé. Il soutient que quiconque est à même de décider de mourir pour ses principes, mais uniquement un véritable maître de la stratégie, est résolu à se montrer au-dessus des autres en toutes choses : persévérer, venir à bout des obstacles, réussir. Plutôt que d'accomplir sa mission avec dévouement, assiduité et abnégation, faisant fi de ses propres désirs, Musashi soutient l'ambition naturelle de toute personne talentueuse aux fins d'acquérir la renommée et la reconnaissance sociale en faisant preuve de compétences et d'aptitudes supérieures.
Le traité des cinq roues est le reflet d'une philosophie personnelle susceptible de s'appliquer à tout aspect de l'existence, comme son auteur en a apporté la preuve au détour de ses multiples dispositions personnelles l'ayant conduit à devenir un artiste et un calligraphe accomplis. Les stratégies exposées par Musashi - notamment l'observation, la détermination du moment opportun, la simplicité, le savoir et le pragmatisme - ne se limitent pas aux arts pratiqués par un guerrier ; elles renforcent la préparation mentale et la flexibilité stratégique afin de réaliser des prouesses et de véritables réussites en tout domaine.
Cette édition magnifiquement illustrée est rehaussée par deux autres brefs ouvrages de Musashi - le Hyôhô sanjû-go-kajô (Trente-cinq instructions sur la stratégie) et le Dokkôdô (La Voie de la solitude, encensant l'autonomie) - et une introduction édifiante mettant en valeur le contexte philosophique et historique sous-jacent à Musashi et à ses écrits.
Miyamoto Musashi (vers 1584-1645), guerrier, artiste, enseignant et iconoclaste, a vécu pendant les dernières années marquant les affrontements entre clans japonais. Il assiste au passage de l'époque caractérisée par les combats incessants des nations en guerre à la stabilité relative de l'ère Edo. Fils d'un expert respecté en arts martiaux, il livre son premier duel alors qu'il n'est qu'un adolescent et deviendra l'un des sabreurs et stratèges militaires les plus vénérés de sa génération. Il rédige Le livre des cinq roues ainsi que deux textes plus brefs, Trente-cinq instructions sur la stratégie et La Voie de la solitude au cours des quatre dernières années de sa vie.
