Les monuments chrétiens de la côte orientale de la mer Noire : Abkhazie, IVe-XIVe siècles

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 340 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 22cm X 28cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-503-52387-3
EAN : 9782503523873

Les monuments chrétiens de la côte orientale de la mer Noire

Abkhazie, IVe-XIVe siècles

de

chez Brepols

Collection(s) : Bibliothèque de l'Antiquité tardive

Paru le | Broché 340 pages

Public motivé

101.65 Indisponible

préface Noël Duval


Quatrième de couverture

Les auteurs grecs, à partir de l'époque d'Homère, nommaient Colchide le territoire du littoral oriental du Pont-Euxin, situé aux confins du monde grécoromain. L'Abkhazie (Abasgia) occupe la partie nord de cette région, qui a comme particularité remarquable d'appartenir à la fois au monde caucasien et au monde méditerranéen et byzantin.

Les témoignages légendaires de la propagation du christianisme dans cette région remontent aux temps apostoliques ; les exilés chrétiens sont apparus à l'époque dioclétienne. C'est justement dans les anciennes villes et forteresses romano-byzantines côtières qu'on trouve les édifices chrétiens les plus anciens. L'évêque Stratophilus de Pityous était l'unique représentant du Caucase au premier Concile de Nicée en 325 ; son église fut découverte hors des murs du castellum. D'autres basiliques furent bâties à Pityous et à ses environs durant les IVe-VIe s. ; l'une d'elles a reçu un décor en mosaïque. La ville de Sébastopolis est un autre grand centre chrétien ; là, une église octogonale s'inscrit bien dans la tradition architecturale de l'Antiquité tardive, en Orient comme en Occident.

La conversion de la population indigène fut liée à la politique de Byzance. La basilique de Candrips, bâtie par Justinien Ier pour les Abasges, fut ornée richement de marbres de Proconnèse. Les Apsiles, eux aussi, avaient des églises modestes à nef unique, dans les contreforts du Caucase. Une organisation ecclésiastique, dépendant du patriarcat constantinopolitain, fut établie après les guerres persano-byzantines, lorsque la Lazique et l'Abasgie furent sous contrôle de l'Empire Byzantin.

Les traditions de l'Antiquité tardive se sont conservées dans l'architecture de l'Abkhasie pendant le Haut Moyen Âge. Le plan de la grande église à coupole de Dranda associe une rotonde et une croix. Plus tard on observe aussi des influences de l'art non chrétien, post-sassanide, arabe et persan. Un exemple remarquable en est donné par les dalles du chancel de Cebelda, retrouvées dans la région apsilienne. Ces reliefs insolites, avec leur programme iconographique bien élaboré et leur style rustique, caractérisent bien l'art indigène de l'époque du Royaume Abkhaze. Cette époque florissante a duré deux cents ans, des années 80 du VIIIe s. jusqu'aux années 80 du Xe s.

Les rois abkhazes cherchant à être indépendants de Constantinople, les évêchés abkhazes se sont organisés au Xe s. En même temps, l'archevêché d'Abasgie du patriarcat constantinopolitain demeurait encore ; très probablement l'immense église de Pytious/Bicvinta/Picunda fut érigée comme cathédrale de l'éparchie de Sotèrioupolis. À l'époque de l'essor du Royaume Abkhaze, l'activité se manifeste par la construction d'une série d'églises d'un type en «croix inscrite», qui était devenu prépondérant dans le monde byzantin au Xe s. Presque toutes de ces églises se disposent justement entre les deux sièges d'obédience constantinopolitaine, de Sotèrioupolis et d'Abasgie.

L'époque médiobyzantine en Abkhazie est bien illustrée aussi par l'ensemble architectural de Lykhny, résidence des princes abkhazes Cacba-Servasidze. Le complexe, bâti au Xe s., est composé d'une église à coupole et d'un palais. Les fresques de cette église appartiennent au style constantinopolitain de l'époque des Paléologues. En revanche, le palais offre des traits de l'art islamique. Un trésor, constitué de monnaies byzantines d'or et de pièces géorgiennes d'argent, fournit une date importante pour restituer l'histoire de cet ensemble.

C'est aux XIe-XIIIe s., à l'époque du Royaume des Abkhazes et des Kartliens (Royaume Géorgien uni), qu'on observe en Abkhazie des formes architecturales et décoratives géorgiennes. À la fin du XIVe s., Bicvinta/Picunda devient siège épiscopal du catholicos (patriarche) de l'Abkhazie (Géorgie occidentale).

Après la chute de Byzance, on trouve encore sur ce littoral les anciens sièges épiscopaux. Même au XIXe s., pendant le rétablissement du christianisme en Abkhazie, ce sont de grandes églises de style byzantin qui furent rénovées.

Biographie

Liudmila Gueorguievna Khroushkova, professeur à l'Université d'État des Sciences Humaines de Russie (archéologie chrétienne et art de l'Orient chrétien) a fait ses études à l'Institut d'Histoire et Archivistique de Moscou, puis auprès d'Alice V. Bank et de Pavel A. Rappoport à Leningrad. Depuis les années 1970, le a mené des fouilles de monuments de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge en Abkhazie. Elle est l'auteur de plus de 150 publications sur les régions pontiques, essentiellement sur l'Abkhazie, mais aussi sur la Crimée. Ses quatre principaux ouvrages (en russe) sont : "La sculpture de l'époque du Haut Moyen Âge en Abkhazie" (1980), "Tsandripsh, les matériels pour l'histoire de l'architecture paléochrétienne en Abkhazie" (1985), "Lykhny, le complexe palatial médiéval en Abkhazie" (1998), "Les monuments paléochrétiens du littoral oriental de la mer Noire" (2002).