Collection(s) : D'un lieu l'autre
Paru le 18/11/2011 | Broché 125 pages
traduit du turc par Elif Deniz, Agnès Chevallier
Ce roman nous apporte la joyeuse nouvelle de la délivrance de l'individu, dont il traduit le monde intérieur. Échappant à toute référence littéraire ou psychanalytique, Tezer Özlü exprime ce qu'elle a "tamisé" de son existence. Elle crée un langage épuré et un style déstructuré pour dire l'enfance froide, l'exil en Allemagne et au pays de Léo Ferré, le coma des électrochocs, la violence politique. «L'un après l'autre, plusieurs de nos amis sont morts. Ils avaient quarante ans tout au plus. Avec eux, nous avons enterré l'espoir et la nostalgie d'une vie meilleure. La vie meilleure n'est pas ailleurs, elle est ici.» Cette vie, contrairement à une Sylvia Plath qui y renonce, Tezer Özlü l'embrasse : «Le séisme qui saisit deux êtres enlacés est l'essence du monde.»
Brèves et incandescentes ont été la vie (1942-1986) et l'oeuvre de Tezer Özlü qui a publié deux romans vite devenus cultes en Turquie : Les nuits froides de l'enfance et Voyage au bout de la vie. À partir de dix-huit ans, échappant à une jeunesse cadenassée, cette femme libre, guettée par la folie, éprise des hommes et de la vie, a vécu à Paris, Ankara, Istanbul, Berlin et Zurich, où elle est morte d'un cancer. Ses contemporains l'ont inscrite dans la lignée d'Antonin Artaud, de Jean Genet ou du nouvelliste turc Sait Faik, dont les mots sont le reflet de leur vie de marginaux, d'inadaptés.
Séverine J. le 22/11/2019
Un livre extrêmement attachant