Collection(s) : Silex
Paru le 10/01/2013 | Broché 389 pages
Tout public
préface de Michèle Riot-Sarcey | postface de Christian Cuxac
En 1880, à la suite du congrès de Milan - réuni officiellement «pour l'amélioration du sort des sourds-muets» - le gouvernement français décide de proscrire la langue des signes des écoles pour sourds et d'y imposer l'usage du français oral. Aujourd'hui encore, aux yeux des sourds, ce congrès symbolise une véritable «révolution négative», incompréhensible et aux conséquences lourdes, encore perceptibles en ce début de XXIe siècle.
Comment expliquer une telle décision ? Après la révolution de 1830, Ferdinand Berthier et ses «frères» sourds parviennent à faire entendre à la société qu'ils peuvent accéder à l'égalité civile grâce à l'utilisation de la langue des signes. Mais en 1880, au lendemain du congrès de Milan, au nom de l'idée de progrès, les sourds ne peuvent plus revendiquer son utilisation. Paradoxe surprenant au premier abord : alors que la société progresse vers davantage d'égalité civile, l'éducation des sourds axée sur l'apprentissage de la parole a pour conséquence qu'ils se sentent en situation d'inégalité. Telle est la problématique centrale de ce livre. L'étude commence en 1830 lorsque la monarchie de Juillet montre la volonté d'appliquer les principes de 1789 et s'arrête en 1905, date du vote de la loi sur la séparation des Églises et de l'État, traditionnellement considérée comme celle de l'achèvement effectif de la Révolution française.
L'ouvrage renouvelle la perception de la communauté sourde, non seulement au plan de l'histoire et de l'historiographie mais aussi de l'actualité et de l'évolution des rapports entre les sourds et la société aujourd'hui.
En couverture : Hendricus (ou Andricus) Jacobus Bürgers (1834-1899), Visite du président Félix Faure le 13 janvier 1897 à l'Institution nationale des sourds-muets de Paris, circa 1900, peinture à l'huile, 190 x 150 (détail). Collection INJS Paris.