Lieux : inédit

Fiche technique

Format : Broché sous jaquette
Nb de pages : 567 pages
Poids : 1312 g
Dimensions : 18cm X 24cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-02-111409-6
EAN : 9782021114096

Lieux

inédit

de

chez Seuil

Collection(s) : La librairie du XXIe siècle

Paru le | Broché sous jaquette 567 pages

33.00 En stock dans notre réseau
Ajouter au panier

précédé d'un avant-propos de Sylvia Richardson, | préfacé par Claude Burgelin | édité et introduit par Jean-Luc Joly


Quatrième de couverture

Ce {...} livre est parti d'une idée assez monstrueuse, mais, je pense, assez exaltante.

J'ai choisi, à Paris, douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence. Chaque mois, je décris deux de ces lieux ; une première fois, sur place (dans un café ou dans la rue même) je décris « ce que je vois » de la manière la plus neutre possible, j'énumère les magasins, quelques détails d'architecture, quelques micro-événements (une voiture de pompiers qui passe, une dame qui attache son chien avant d'entrer dans une charcuterie, un déménagement, des affiches, des gens, etc.) ; une deuxième fois, n'importe où (chez moi, au café, au bureau) je décris le lieu de mémoire, j'évoque les souvenirs qui lui sont liés, les gens que j'y ai connus, etc. Chaque texte {...} est, une fois terminé, enfermé dans une enveloppe que je cachette à la cire. Au bout d'un an, j'aurai décrit chacun de mes lieux deux fois, une fois sur le mode du souvenir, une fois sur place en description réelle. Je recommence ainsi pendant douze ans {...}.

J'ai commencé en janvier 1969 ; j'aurai fini en décembre 1980 ! J'ouvrirai alors les 288 enveloppes cachetées {...}. Je n'ai pas une idée très claire du résultat final, mais je pense qu'on y verra tout à la fois le vieillissement des lieux, le vieillissement de mon écriture, le vieillissement de mes souvenirs : le temps retrouvé se confond avec le temps perdu ; le temps s'accroche à ce projet, en constitue la structure et la contrainte ; le livre n'est plus restitution d'un temps passé, mais mesure du temps qui s'écoule ; le temps de l'écriture, qui était jusqu'à présent un temps pour rien, un temps mort, que l'on feignait d'ignorer ou que l'on ne restituait qu'arbitrairement (L'Emploi du temps), qui restait toujours à côté du livre (même chez Proust), deviendra ici l'axe essentiel.

Je n'ai pas encore de titre pour ce projet ; ce pourrait être Loci Soli (ou Soit Loci) ou, plus simplement, Lieux.
Georges Perec

Du même auteur : Georges Perec