Paru le 14/11/2019 | Broché 409 pages
Ma menthe à l'aube mon amante
Correspondance amoureuse
« En ces temps d'avant la révolution numérique, les modes de communication s'avéraient limités. La correspondance manuscrite demeura bientôt notre unique système d'échange : retour à la case romantique où la Poste constituait pour Vigny et Marie Dorval, par exemple, le plus court chemin vers la postérité. Mais les facteurs eux-mêmes firent défaut. Le dernier fil fut brisé lorsque les bureaux postaux affichèrent : " Toute correspondance à destination du Liban est interrompue. " Désormais, je dus consacrer des matinées à arpenter Paris, des Champs-Élysées à la Bourse, sans oublier d'autres arrondissements où logeaient des Libanais susceptibles d'effectuer le périlleux retour aux sources. Par ailleurs, je me rendais fréquemment dans une agence de voyage sise aux Champs-Élysées, à deux pas de l'Étoile, où je déposais moi-même mon courrier de naufragé. Ultime recours : le bureau international du Télex, voisin du palais Brongniart. La plupart du temps, hélas, les messages ne passaient qu'au bout de plusieurs heures d'une attente qui me rongeait le coeur. »
Cette correspondance amoureuse de guerre entre les deux poètes Marc Alyn, le Français, et Nohad Salameh, la Libanaise, se lira, le coeur battant. Toujours sur le point de se rompre, elle se poursuit, cependant, avec une intensité grandissante, nourrie par la peur de perdre l'être cher à chaque instant.
Effet non moins remarquable de l'éloignement et de l'adversité, l'inspiration de ces grands artistes ne faiblit jamais, véritable foyer de lumière dans la nuit de la guerre.
Nohad Salameh, poétesse libanaise francophone, révélée toute jeune par Georges Schehadé, a reçu le prix Louise-Labé en 1988 pour L'Autre Écriture, le Grand Prix de poésie d'automne de la Société des gens de lettres, en 2007, et le prix Paul-Verlaine de l'Académie française, en 2013, pour D'Autres annonciations.
Prix Max-Jacob, à 20 ans, pour Le Temps des autres, soldat en Algérie, voyageur amoureux en Orient et à Venise, Marc Alyn fut également éditeur : il créa la collection « Poésie/Flammarion ». Il tint la chronique « poésie » pour Le Figaro littéraire à la demande de François Mauriac. Ami de Lawrence Durrell, Mandiargues, Jean Carrière, Roger Caillois et André de Richaud, il connaît le succès avec Le Piéton de Venise et Monsieur le chat. Prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre. Aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, il a publié en 2018 Le Temps est un faucon qui plonge.