Paru le 05/12/2018 | Broché 437 pages
Public motivé
préface John Horne
1914 - 1910
Mains-d'oeuvre en guerre
Guerre industrielle, le premier conflit mondial réclame toujours plus d'ouvriers pour soutenir la production d'armes et de munitions dont dépend l'issue des combats. Guerre de masse, ce conflit ponctionne massivement le monde agricole. C'est l'intégralité du monde du travail qui se transforme dans chaque pays belligérant avec, dans le cas français, des mains-d'oeuvre dont les désignations administratives ont un rapport étonnamment lointain avec l'efficience productive ou la qualification : Femme, Étranger, Prisonnier de guerre, Réfugié, Exotique ou Indigène ! Issu d'une rencontre internationale, cet ouvrage explore les tenants et les aboutissants de cette hétérogénéité tantôt induite, tantôt construite en revenant sur la manière dont ces différentes catégories coexistèrent et furent « gérées » les unes par rapport aux autres. S'inscrivant dans une histoire renouvelée de la classe ouvrière et du travail pendant la guerre, cet ouvrage revient également sur le legs majeur de la Grande Guerre au ministère du Travail et de la Prévoyance sociale : la politique des mains-d'oeuvre, complétée par celle de l'immigration. Sont enfin abordées les mutations du droit du travail français, ainsi que les relations naissantes entre un droit encore informel de la main-d'oeuvre et un droit du travail dont la principale composante d'avant la guerre, la protection légale des travailleurs, fut suspendue pendant les hostilités. Se dévoile ainsi le jeu complexe des interactions entre le conflit, qui met les pouvoirs publics et les populations laborieuses à rude épreuve, et la construction d'un État social moderne au devenir incertain.
Laure Machu est maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Université Paris Ouest, IDHES.
Isabelle Lespinet-Moret est professeure d'histoire contemporaine, Université Paris 1, CHS.
Vincent Viet est chercheur au Cermes 3 (CNRS-INSERM-EHESS-Université Paris Descartes).
