Paru le 19/10/2022 | Cartonné 255 pages
Tout public
Xavier Capodano
(Le Genre urbain)
C'est un livre magnifique, d'une pédagogie et d'un niveau de connaissance (j'ai appris énormément de choses) de très haut vol, c'est l'histoire d'un artiste très peu connu du grand public et c'est accessible à toutes et à tous. Disons le tout net, voilà un livre indispensable. Mais pour forcer la main des lecteur.rice.s, je me permets d'appuyer sur un point qui me semble fondamentale à nos vies urbaines : l'espace public. Car au-delà de la qualité remarquable du travail de Maurice Calka, celui-ci avait le souci, avec un énorme enthousiasme, à produire du beau au service de tous les habitants. Je rajoute, qu'il fut un temps, pas si lointain, où les responsables publics (et même privés), lors de de la "fabrication" de la ville, non seulement se préoccupaient de la qualité urbaine à mettre en place, mais prenaient quelques risques de proposer aux gens de l'art dans la ville. Pour finir je soupçonne Xavier de Jarcy, très fin observateur des évolutions de nos villes, de nous montrer en creux, qu'avec un peu de volonté politique, il est encore possible de sortir de la standardisation (avec son lot de pauvreté esthétique et de mépris pour les citadin.e.s) de la production urbaine actuelle, en nous rappelant : "Embellir les villes, les rendre plus humaines, c'est la voie que Maurice Calka avait ouverte". Ce livre ne veut surtout pas qu'elle se referme et c'est tant mieux !
La première monographie sur l'artiste multi-disciplinaire occulté par le succès du bureau « Boomerang », icône du design pop.
De Maurice Calka, les amateurs de design connaissent le fameux bureau aux rondeurs colorées, sorti en 1969. Mais la plupart des gens ignorent l'étendue et la variété du travail de cet artiste inclassable, Premier Grand Prix de Rome de sculpture en 1950, designer et sculpteur, donc, mais aussi dessinateur, architecte et urbaniste, Maurice Calka est l'inventeur d'un art pour tous.
Dans la France des années 1950 à 1990, cet éternel optimiste a cherché à embellir autant les intérieurs que les places publiques en inventant ses propres techniques. Avec le même enthousiasme, il a tapissé murs et sols des palais officiels ou des cités de banlieue de ses mosaïques colorées, expérimenté le béton moulé, osé l'inox soudé. Il a posé des sculptures dans des églises, égayé le périph' parisien de papillons géants, décoré mairies et centres commerciaux. Maurice Calka, c'est aussi un projet de pont habité et même une Renault 5 cabriolet. Son travail l'a mené de Paris à Addis-Abeba, d'Orléans à La Réunion. Le découvrir, c'est se plonger dans la vie artistique française de la seconde moitié du XXe siècle, ses grands projets, ses débats passionnés sur la place de l'art dans la ville, son utopie du beau pour tous.
