Collection(s) : Art et artistes
Paru le 20/04/2017 | Broché 145 pages
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On trouve dans la poésie et les romans de Victor Hugo une étrange correspondance : regarder une femme - en la désirant - équivaut à sombrer dans la profondeur d'un océan. Voir la femme ? « Voir le dedans de la mer ». Voir une tempête se lever ? Sentir monter les effluves du désir. Comment l'écriture va-t-elle rendre sensibles les tourments psychiques pour autant qu'ils sont faits aussi de tourmentes physiques et, même, atmosphériques ? Nous voici alors convoqués, au-delà de l'exégèse littéraire, sur le plan d'une vaste phénoménologie du monde visible : c'est bien matériellement, en quelque sorte, que cette équivalence se manifestera sur chaque feuille de papier dans l'immanence même des images admirables inventées par Victor Hugo - façon de découvrir, dans les chimères hypocondriaques du peintre-poète, un grand art lucrétien capable de donner à chaque organe l'immensité d'une tempête et à chaque milieu l'intensité d'un geste corporel animé de passion.
Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l'art, enseigne à l'École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il a publié une cinquantaine d'ouvrages sur l'histoire et la théorie des images, dans un large champ d'étude qui va de la Renaissance jusqu'à l'art contemporain. Il a été le commissaire de quelques expositions importantes en France (Centre Pompidou, Jeu de Paume), en Espagne (musée Reina Sofía), en Allemagne ou au Brésil.