Collection(s) : L'arbuste véhément
Paru le 07/06/2018 | Broché 160 pages
traduit du polonais par Allan Kosko | préface d'Eric Dussert
Piotruś
Au bout du rouleau, Piotruś, en est rendu à se vendre lui-même sur le marché de Tel-Aviv. Il ne s'insurge pas quand Mme Zinn l'acquiert dans un sordide dessein : il occupera à longueur de temps les tinettes communes de son immeuble afin d'en chasser les locataires. Une encyclopédie à portée de main devrait suffire à l'occuper.
Que faut-il avoir subi, qu'attend-on de la vie et de soi-même pour s'installer ainsi sur le pire des trônes et régner sur son propre néant ?
Tragi-comédie, farce philosophique, ce roman syncopé signé d'un Polonais exilé au moyen Orient se dresse dans la littérature slave comme un monolithe brûlant. Un livre impossible à chasser de son esprit.
Né à Zürich en 1917, Leo Lipski grandit à Cracovie où il fit d'abord ses études avant d'être arrêté par les Soviétiques et déporté. Libéré en 1941, il s'engage dans l'armée polonaise, ce qui le mènera jusqu'à Téhéran où il contracte le typhus et se voit réformé. Sa famille ayant été massacrée par les Nazis, il gagne la Palestine en 1944. C'est là qu'il est victime d'une hémiplégie qui va désormais faire de sa vie sur un chemin de douleur et de solitude. Comme Joë Bousquet, il ne va plus quitter sa chambre et, lisant d'abondance Platon et Heidegger, se lance dans l'écriture, tapant tous ses textes de la main gauche.
Ses premiers écrits (Le Jour et la nuit (1957), Piotruś (1960)] sont couronnés de prix et traduits en plusieurs langues. Les critiques évoquent Kafka ou Beckett, qu'il n'a pourtant lu qu'après la sortie de Piotruś. En Allemagne, Ingeborg Bachman salue son oeuvre avec effusion, tandis que les lecteurs français le découvrent au début des années 70. Néanmoins, en lutte avec la maladie, il publie peu et se laisse oublier. Son dernier livre paraît en Israël en 1988. Il meurt, totalement paralysé, à Tel-Aviv le 7 juillet 1997.