Collection(s) : La cosmopolite
Paru le 22/09/2010 | Broché 293 pages
traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon
Mlle Emilie Pautus (Librairie La Manoeuvre)
« J’écris, j’écris comme s’il grêlait, et c’est de l’essence, c’est le riz des fiancés qui pleut sur le papier, l’encre dérape et s’écrase contre les grains, pendant que je m’épanche en larmes lilas. L’humidité de ce climat apporte un épais manteau de sel avec le lilas, je m’y réfugie et apprend à me relire sans pudeur. »
Deux femmes, Wendy Guerra et Anaïs Nin, un même journal et une même ville, La Havane, si bouillonnante, si énigmatique, La Havane qui représente ce père disparu à qui Anaïs a dédié tous ses journaux, La Havane si propice à l’éveil des sens et de la chair qu’elle transforme et marque à jamais.
Anaïs Nin a passé une année à Cuba de 19 à 20 ans, pas encore éveillée, pas encore femme, pas encore Anaïs. Elle n’a laissé que quelques fragments de notes et de journaux que Wendy Guerra a su faire siens. Leurs mots s’entremêlent et ne forment plus qu’une voix venue du coeur, criante de sincérité et de sentiments, qu’une poésie qui entête et nous rend plus humains.
Il est de ces livres que l’on rêve d’avoir écrits. Les mots d’Anaïs, de Wendy sont aussi les miens, les vôtres et ceux de toutes les femmes aspirant à la liberté.
«J'ai retrouvé sa maison, ses documents, j'ai projeté un apocryphe de ses lignes vides à partir de ce cahier original conservé à UCLA, un Journal quasi vierge que je réécris aujourd'hui de mémoire, les yeux clos et le poignet ferme. J'étais orientée par ses références insulaires, l'inceste, le sentiment de perte et l'opium que renferme son écriture.
Possédée par ses témoignages. Nous vivions à des époques différentes, mais nous avons fini par nous retrouver à La Havane.»
Wendy Guerra
Wendy Guerra a toujours été fascinée par Anaïs Nin. Deux femmes de générations distantes, et pourtant, entre elles, des similitudes troublantes : comme Anaïs Nin, Wendy Guerra tient un Journal depuis l'enfance dans lequel elle enferme sa vie quotidienne, forme littéraire qu'elle a par ailleurs utilisée dans son premier roman Tout le monde s'en va.
Nous sommes en 1922. Anaïs Nin part à Cuba sur les traces d'un père absent et fantasmé, à la découverte de la famille paternelle. Dans son Journal, peu d'allusions à cette période. De sa plume riche en images saisissantes, Wendy Guerra imagine alors ce qu'Anaïs a pu ressentir en arrivant sur l'île et superpose ses pensées apocryphes aux confessions réelles de la jeune Anaïs Nin, restituant ainsi la voix d'une âme à la recherche de son identité : «Je veux commencer à me constituer une Cuba personnelle. Irrévocablement mienne.»
Wendy Guerra est née à La Havane en 1970 et y réside actuellement. Elle est reconnue à Cuba pour son oeuvre poétique, couronnée de divers prix.
Les éditions Stock ont publié ses deux premiers romans Tout le monde s'en va (prix Bruguera 2006) et Mère Cuba.