Collection(s) : Domaine étranger
Paru le 07/10/2022 | Broché 94 pages
préface, notes et traduction par Micha Venaille
Des lettres de condoléances ? Ce qui change tout et permet d'en faire un livre, c'est qu'un grand poète les a écrites et a trouvé les mots pour nous aider à assumer un deuil - peut-être qu'on ne s'y attendait pas de sa part. Et même s'il écrit qu'il trouve le mot consolation un peu léger, on osera dire que ses lettres font du bien et sont tout simplement consolantes. D'autant plus que nous avons parfois l'impression qu'il nous connaît et s'adresse à nous.
Le Guardian a fait l'éloge de ce livre à sa sortie en Angleterre, disant que c'était un trésor. Le mot est juste. Cette écriture chargée d'une humanité généreuse et réconfortante, nous prouve que l'on n'est plus dominé par les idées les plus noires dès lors qu'on les décrit, les consigne, les analyse, les enrichit philosophiquement - l'écrivain, dans ses pages, et nous, dans notre cerveau, une fois qu'on les a décodées grâce à lui.
Rainer Maria Rilke (1875-1926), poète né à Prague alors en Autriche-Hongrie, proche de l'invisible - (Qui, si je criais, m'entendrait parmi la cohorte des anges ? - les Élégies de Duino) a également écrit de très nombreuses lettres toute sa vie (sa fondation à Sierre, en possède 11 000 !). Il a fait un long séjour auprès de Rodin à Paris, où il a écrit Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, qui se « déroulent » dans cette ville - première phrase : Est-ce ici que les gens viennent pour vivre ? - puis il s'est installé en Suisse où il est mort. Et il a écrit lui-même l'épitaphe qu'il souhaitait voir gravée sur sa tombe.