Collection(s) : Archives de la langue des signes française
Paru le 07/02/2012 | Broché 318 pages
Public motivé
illustré de 550 dessins d'Yves Delaporte
L'Institution nationale des sourds-muets et sourdes-muettes de Chambéry est un des lieux d'où la culture sourde a rayonné dans tout l'Est de la France. Mais qui se souvient encore de l'école des filles, située à Pont-de-Beauvoisin, c'est-à-dire à quarante kilomètres de celle des garçons ? Elle a laissé peu de traces dans la mémoire collective ; en effet, les filles devaient abandonner au sortir de l'école les signes qui y étaient pratiqués pour apprendre les signes des garçons de l'école de Chambéry, de sorte que le dialecte de Pont-de-Beauvoisin ne subsiste plus guère que dans la mémoire de quelques anciennes élèves, dont Yvette Pelletier.
Les signes émergeant à Pont-de-Beauvoisin sont en rapport avec plusieurs substrats : des signes parisiens, des signes chambériens, et suite à la débâcle de 1940, des signes bordelais. L'interdiction de signer qui a suivi le Congrès de Milan (1880) a fait que de nombreuses générations de sourdes-muettes se sont succédé sans autres références langagières que celles qu'elles se donnaient elles-mêmes, avec des conséquences contradictoires : des signes disparus ailleurs s'y sont maintenus sans changement, tandis que les cheminements fantasques de la dérivation ont conduit à un pourcentage élevé de signes obscurs. Ces deux aspects se sont conjugués pour faire des signes de Pont-de-Beauvoisin un dialecte d'une fascinante étrangeté.
Yves Delaporte est ethnologue, directeur de recherche honoraire au CNRS. Il est l'auteur d'un Dictionnaire étymologique et historique de la langue des signes française paru aux Éditions du Fox en 2007.
Yvette Pelletier, sourde de naissance, a été élève à Pont-de-Beauvoisin de 1946 à 1955. Elle est l'épouse d'Armand Pelletier, co-auteur de Moi, Armand, né sourd et muet (Plon, collection «Terre Humaine», 2002).