Paru le 06/07/2017 | Broché 228 pages
Tout public
introduction d'Alain de Benoist | postface de Julien Freund | traduit de l'allemand par Jean-Louis Peste
Terre et Mer
L'homme est un Terrien. C'est la raison pour laquelle il a appelé Terre, et non pas Mer, la planète sur laquelle il vit, bien que la plus grande part de sa superficie soit occupée par les mers et les océans. C'est que la Terre s'oppose tout naturellement à la Mer. La Terre est faite de territoires et de pays. Les territoires sont distincts les uns des autres, séparés par des frontières. L'autorité proprement politique est celle qui s'exerce sur un territoire. La Mer, au contraire, ignore les limites et les frontières naturelles, les montagnes, les fleuves et les forêts : il n'existe pas de pays océanique. La Mer ne connaît que des vagues et des tempêtes, des flux et des reflux. Elle est le modèle de l'activité commerciale, alors que l'existence politique a un caractère purement tellurique.
L'histoire, selon Carl Schmitt, est avant tout l'histoire d'une lutte séculaire entre les puissances maritimes et les puissances terrestres et continentales. L'Angleterre, au XVIe siècle, a été la première à s'engager sur la voie de l'existence maritime. L'opposition Terre-Mer a dès lors revêtu un caractère géopolitique, qui a exercé une influence essentielle sur l'évolution du droit et des relations internationales. La même opposition se retrouve aujourd'hui entre les États-Unis d'Amérique et l'Eurasie.
Terre et Mer, paru en 1942 et aujourd'hui traduit dans le monde entier, est un petit livre qui ouvre des perspectives considérables. Dans cette nouvelle édition, postfacée par Julien Freund, la substantielle présentation d'Alain de Benoist en restitue le contexte historique et en montre l'actualité à l'époque de la « société liquide » et du règne de l'illimité.
Carl Schmitt (1888-1985) est un grand juriste et politologue allemand. Son oeuvre de renommée mondiale comprend notamment Le Léviathan dans la doctrine de l'État de Thomas Hobbes. Sens et échec d'un symbole politique (Seuil, 2002), Le Nomos de la Terre (PUF, 2001), La Notion de politique. Théorie du partisan (Calmann-Lévy, 1972) ou Théologie politique (Gallimard, 1988).