Paru le 24/01/2019 | Broché 236 pages
Public motivé
Longtemps, pour l'opinion publique comme les sciences sociales et humaines, l'Occident moderne a été la matrice de l'individu. Nombre de travaux récents sur les aires dites « extra-occidentales » ont heureusement bousculé les oppositions simplistes : individualisme/holisme, modernité/tradition, Occident/Orient, entre autres.
Dans cette veine, le présent essai interroge la période qui s'étend de 1887 - date de la parution du premier roman vietnamien du « je », L'Histoire de Lazaro Phien de Nguyen Trong Quan - aux années 1925-1945, marquées par trois autobiographies fondatrices. Si dans Le Grand Rêve (1928) Tan Dà retrace son parcours singulier, de sa formation mandarinale à son accès au statut d'écrivain moderne tout en revendiquant l'empreinte de Zhuangzi et de son fameux rêve de papillon, Jours d'enfance (1938) et Herbes folles (1944) sont, quant à eux, l'oeuvre de Nguyên Hong et de Tô Hoài, issus de l'école franco-indigène, lecteurs passionnés de Rousseau, Freud, Gide, Marx,Trotski, et futurs révolutionnaires.
Comment l'autobiographie, ce genre littéraire spécifique, s'est-elle inscrite dans une longue tradition vietnamienne de l'écriture de soi ? L'ouvrage explore ici la manière dont la littérature du moi s'est élaborée en tissant un lien direct avec un projet national indissociable de la modernisation et de la décolonisation.
Traductrice et maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Langues'O) à Paris, Doan Cam Thi dirige chez Riveneuve la collection « Littérature vietnamienne contemporaine » pour donner aux lecteurs francophones un accès privilégié à des auteurs d'aujourd'hui.