Paru le 10/09/2015 | Broché 332 pages
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Antoine Cazé
«Je ne me souviens pas de ma naissance mais je sais que j'étais un bébé très laid. Comme ça ne s'est pas beaucoup amélioré depuis, j'imagine que c'est un coup de chance si ma jeunesse l'attire.»
Ainsi commence le journal à vif de Minnie Goetze, une adolescente de quinze ans tiraillée par ses angoisses existentielles, son égocentrisme et ses pulsions autodestructrices, qui court après la reconnaissance et se jette à corps perdu dans la découverte de la sexualité.
Minnie déteste l'école, rêve de devenir artiste, spéléologue ou barmaid. Alors qu'elle est trop timide et complexée pour adresser la parole aux garçons de son âge, elle couche avec le copain trentenaire de sa mère alcoolique et essaie de trouver son chemin sans guide, sans défense et sans la moindre trace de peur.
Cette histoire à l'honnêteté crue et bouleversante se déroule dans le San Francisco licencieux des années 1970, mais la quête d'émancipation et d'épanouissement de Minnie est universelle. La satire du monde qui s'y déploie est féroce et sans complaisance, parce que même si Minnie décrit la société des adultes comme un club aux règles tordues, c'est un club dont elle entend bien faire partie.
Artiste contemporaine, illustratrice médicale de formation, auteur de bandes dessinées, Phoebe Gloeckner dissèque avec une puissance hors norme les émotions de son héroïne en combinant toutes sortes d'éléments (prose, dessins...) qui se chevauchent, se répondent et créent un récit incandescent et inoubliable.
Phoebe Gloeckner est artiste contemporaine, romancière et auteur de comics. Elle est née en 1960 à Philadelphie, mais c'est à San Francisco qu'elle a grandi, dans une famille d'artistes et entourée de grands noms de la bande dessinée underground, comme Robert Crumb qui deviendra son mentor. Après avoir étudié l'illustration médicale à l'université de Dallas, elle publie en 1998 un recueil de bandes dessinées, A Child's Life and Other Stories, que Crumb qualifiera de «l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de l'histoire de la BD». En 2002, elle étend sa veine introspective à la forme romanesque : Vite, trop vite (The Diary of a Teenage Girl) paraît sous les hourras de la critique et sera porté à l'écran en 2015. En parallèle, ses oeuvres commencent à être exposées dans les galeries et les musées du monde entier. Aussi courageuse qu'ambitieuse, elle travaille depuis 2008, soutenue par la fondation Guggenheim, sur l'affaire des disparues de Juarez ; son «reportage graphique» l'avait déjà amenée à explorer, au moins une douzaine de fois, la ville la plus dangereuse du monde pour les femmes. On peut affirmer sans crainte que Phoebe Gloeckner a déjà gagné sa place parmi les artistes les plus importants de sa génération. Signe ou hasard, l'autre grand géant qui avait décidé de consacrer une part importante de son oeuvre aux disparues de Juarez est Roberto Bolaño.
