Paru le 16/08/2018 | Broché 284 pages
Marie Morel (LE COMPTOIR DES MOTS)
Après le poignant Réparer les vivants, Maylis de Kerangal revient avec ce récit d'apprentissage de trois étudiants en art, plus précisément en trompe-l’œil : l'art de l'illusion...
Au cours de cette année de formation se déploie l'art de détail, travail acharné, de la nuance autant dans l'esthétique que dans l'évolution des relations humaines.
Avec, comme constante, cette écriture unique et hypnotisante
Un monde à portée de main
« Paula s'avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c'est le grain de la peinture qu'elle éprouve. Elle s'approche tout près, regarde : c'est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l'illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu'elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu'un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s'immobilise, allonge le bras dans l'aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l'oiseau, et tend l'oreille dans le feuillage. »
Maylis de Kerangal est l'auteure de cinq romans aux Éditions Verticales, notamment Corniche Kennedy (2008), Naissance d'un pont (prix Médias 2010, prix Franz-Hessel) et Réparer les vivants (2014, dix prix littéraires), ainsi que de trois récits dans la collection « Minimales » : Ni fleurs ni couronnes (2006), Tangente vers l'est (2012, prix Landerneau) et À ce stade de la nuit (2015).