Fernand Deligny à l'honneur ! avec Catherine Perret et Sandra Alvarez de Toledo

mercredi
13
octobre
20h00
Cycle Politique et folie

Rencontres et Débats

Lieu : 2 BIS RUE JOURDAIN 75020 PARIS

Le tacite, l'humain : anthropologie politique de Fernand Deligny - éditions du Seuil
L'auteure retrace la naissance et l'histoire de la pédopsychiatrie, de la politique de l'enfance et des institutions psychiatriques. Elle propose une anthropologie de la folie, notamment à travers le parcours de Fernand Deligny (1913-1996), figure majeure de l'éducation spécialisée.
Le lien social se nourrit de quelque chose qui n'est pas social. Tel est le propos de cet essai d'infra-politique dans lequel la philosophe Catherine Perret, explorant la naissance de la pédopsychiatrie et l'histoire des politiques de l'enfance en France au XXe siècle, rencontre Fernand Deligny (1913-1996).
De plus en plus étudié en Europe et aux États-Unis, Deligny est aujourd'hui encore un célèbre inconnu. Wikipédia le présente comme « un opposant farouche à la prise en charge asilaire des enfants difficiles ou délinquants et des enfants autistes ». C'est oublier qu'il fut également conteur, écrivain, cinéaste, cartographe, et que les inventions plastiques et poétiques de ce bricoleur de génie contribuent pour une large part à ses expérimentations cliniques.
Dans ce livre, Catherine Perret inscrit Deligny dans l'histoire des révolutions psychiatriques qui, suite à l'» extermination douce des fous » dans les hôpitaux psychiatriques français durant la Seconde Guerre mondiale, surent faire de la folie une perspective sur l'humain et du soin psychique une pratique sociale.
Les expérimentations éducatives et cliniques de Deligny, ses inventions plastiques éclairent ce qui, chez les humains, vise à la création d'un milieu : un milieu loin du langage et qui ne se laisse capter qu'en images.
Catherine Perret montre que la prise en compte sans exclusive de l'humain ne dépend pas seulement de la capacité qu'auraient les sociétés à inclure de plus en plus d'individus dans le respect de leurs différences. Elle dépend aussi de leur capacité à prendre acte de la différence entre la part civilisable de l'homme et son noyau non civilisable, mais pourtant humain. C'est par là que son essai rejoint l'agenda politique de l'anthropologie contemporaine.


Camérer : à propos d'images
Fernand Deligny- éditions de l'Arachnéen

édition établie par Sandra Alvarez de Toledo, Anaïs Masson, Marlon Miguel et Marina Vidal-Naquet
avec des essais de Hervé Joubert-Laurencin, Marlon Miguel, Jean-Louis Comolli et al.
Un recueil de textes qui montre l'importance du cinéma et de la vidéo dans le travail de Fernand Deligny et dans la vie du réseau d'enfants autistes fondé à la fin des années 1960 dans les Cévennes.
« Camérer, ça serait les prendre, ces images, parce qu'on ne sait jamais, parce qu'on verra bien. »
« Camérer, c'est peut-être mettre dans la caméra, dans la boîte, des éclats d'humain et c'est tout ce qu'on peut en retrouver, de l'humain commun, des éclats. »
« Où se voit que camérer, c'est s'en prendre au temps, qu'il s'agisse du "pousser" de la tige de blé, ou de "l'accueillir" de ce milieu qui tente d'admettre cet autre dont le désarroi est tel que la mémoire ethnique lui fait défaut. »
« Mais allez donc filmer un infinitif. »
« Il se pourrait que camérer cherche à effacer cette frontière inéluctable entre ce que l'homme perçoit de ce qui lui semble être la réalité et le réel souvent situé comme étant le néant. On peut s'étonner de l'extravagante envergure d'un tel projet. »
« Camérer, il y va d'autre chose qui peut s'écrire camerrer, comme si un certain point de voir errait dans une tentative. Cette tentative serait-elle de faire un film ? Pas du tout. Une tentative a lieu(x), avec une caméra pour ainsi dire incorporée dans son coutumier. Il n'y a donc pas de mise en scène ? Non. Nous ne sommes pas au théâtre. »
« De l'image se forme sans cesse. Elle serait myriade s'il était possible de compter les images comme on peut compter les mots. »
« Personne ne fait les images. »