Paru le 15/08/2010 | Broché 153 pages
Natacha de la Simone (LIBRAIRIE L'ATELIER)
Parce que Mathias Enard procède par strates délicates, la poésie du texte, à votre insu, vous envoute. Des jours, des semaines après sa lecture, une sensation hallucinante s’impose encore : une douceur absolue
Mme Sandrine Ziri (Librairie Atout-Livre)
Michel-Ange, fatigué d'attendre le bon-vouloir du Pape Jules II, accepte la commande du Sultan de Constantinople.
Construire un pont, réussir là où Leonard de Vinci a échoué, se confronter à la tentationde l'Orient et à ses séductions hérétiques.
Mais ce pont qu'il créa fut aussi un lien établi, de manière subtile et indéfectible, entre deux mondes, deux cultures, un lien qu'il exprimera et chérira tout au long de son oeuvre.
L'artiste s'imprègne de la ville, s'immerge dans son atmosphère, laisse l'inspiration flaner dans ses ruelles.
Le trouble et la beauté l'emportent.
Parceque Mathias Enard procède par strates délicates, la poésie du texte, à votre insu, vous envoute. Des jours , des semaines après sa lecture, une sensation lancinante s'impose encore: une douceur infinie!
En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu'il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l'édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l'invitation du sultan Bajazet qui lui propose - après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci - de concevoir un pont sur la Corne d'Or ?
Ainsi commence ce roman, tout en frôlements historiques, qui s'empare d'un fait exact pour déployer les mystères de ce voyage.
Troublant comme la rencontre de l'homme de la Renaissance avec les beautés du monde ottoman, précis et ciselé comme une pièce d'orfèvrerie, ce portrait de l'artiste au travail est aussi une fascinante réflexion sur l'acte de créer et sur le symbole d'un geste inachevé vers l'autre rive de la civilisation.
Car à travers la chronique de ces quelques semaines oubliées de l'Histoire, Mathias Enard esquisse une géographie politique dont les hésitations sont toujours aussi sensibles cinq siècles plus tard.
Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l'arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. Il a publié trois romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003, Prix des cinq continents de la francophonie ; Babel n° 903), Remonter l'Orénoque (2005) et Zone (2008 ; Babel n° 1020), salué par le prix Décembre 2008 et le prix du Livre Inter 2009.