Collection(s) : Usages de la mémoire
Paru le 12/04/2017 | Broché 334 pages
Public motivé
Sur les oeuvres silencieuses
Contribution à l'étude de l'art d'après Auschwitz
L'art d'après Auschwitz n'existe pas. Aucun artiste ne se réclame ouvertement de ce qui ne saurait être considéré comme un mouvement, et qui est à peine une appellation commune. Ceux qui le font plus timidement sentent bien qu'il y a dans leur démarche quelque chose de déplacé, qu'une telle revendication impose qu'ils la justifient avec d'infinies précautions auxquelles doivent pareillement s'astreindre les historiens de l'art qui cherchent à mettre en évidence, non pas l'existence de l'art d'après Auschwitz, donc, mais le fait qu'il constitue cependant une dimension - une dimension peut-être fondamentale - de l'art contemporain.
C'est à la mise au jour de cette dimension des images qui peuplent nos imaginaires que s'attache cette étude en portant attention aux différentes formes qui ont connu depuis Auschwitz certaines inflexions majeures pourtant souvent restées inaperçues : qu'il s'agisse des contours des figures ou des fonds, de l'emploi des couleurs, ou encore de l'échelle de la représentation des corps humains. Tous motifs dont le visage figuré est sans doute l'indice le plus évident, lui qui a pour partie perdu sa contenance propre chez des artistes aussi différents qu'Alberto Giacometti, Francis Bacon, Zoran Music, Jean Fautrier, Oscar Muñoz, William Kentridge ou encore Michal Rovner.
Paul Bernard-Nouraud est docteur en Histoire et théorie de l'art. Il est également l'auteur de Les Ombres solitaires. Essai sur la pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès Dans la solitude des champs de coton (Pétra, 2012), Figurer l'autre. Essai sur la figure du « musulman » dans les camps de concentration nazis (Kimé, 2013), et a codirigé avec Luba Jurgenson le volume Témoigner par l'image (Pétra, 2015), le second volume (Témoigner par l'image 2), consacré à la photographie, est en préparation et sera publié chez Pétra à l'automne 2017.