Europe, n° 1041-1042. Témoigner en littérature

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 347 pages
Poids : 403 g
Dimensions : 13cm X 21cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-35150-077-4
EAN : 9782351500774

Témoigner en littérature

chez Europe

Serie : Europe. Vol 1041-1042

Paru le | Broché 347 pages

Public motivé

Revue
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Quatrième de couverture

Longtemps, on n'a pas «témoigné» en littérature. Le fait qui consiste, pour les survivants d'un crime de masse, à rédiger et à publier le récit circonstancié des violences dont ils ont été les témoins pour les porter à la connaissance de tous est une pratique sociale récente, qui s'est inaugurée comme telle au début du XXe siècle, dans le sillage de la Première Guerre mondiale et du génocide des Arméniens. Dans ce moment advient en effet un nouvel intolérable : la négation du crime - sous toutes ses formes. Cédant à «la violence d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires», comme l'écrit Primo Levi, certains entreprennent alors, parfois au péril de leur vie, de décrire ce qu'ils ont subi pour l'attester. Là réside la spécificité du genre : fondé sur le modèle judiciaire, le témoignage littéraire est une déposition devant l'Histoire reposant sur le serment que fait le témoin de dire «la vérité, toute la vérité, rien que la vérité». À la fois oeuvre littéraire et document doté d'une valeur probatoire, le témoignage consacre une rupture radicale avec la doctrine de l'autonomie de l'art héritée du romantisme ; il invite ainsi à un réexamen critique de certains crédos contemporains relatifs à l'absolue liberté d'invention de l'artiste, à la déliaison de l'éthique et de l'esthétique, ou encore à la réduction de la littérature à la fiction. L'avènement du témoignage a produit un schisme littéraire dont on n'a peut-être pas encore pris toute la mesure.

De la Grande Guerre au génocide des Tutsi du Rwanda en passant par le génocide des Arméniens, les camps de la Kolyma, l'univers concentrationnaire nazi, l'extermination des Juifs d'Europe, le bombardement atomique d'Hiroshima, l'exil rural forcé dans la Chine populaire des années 1968-1980, le génocide cambodgien et la «décennie noire» qui ensanglanta l'Algérie des années 1990, ce numéro d'Europe invite à une nécessaire réflexion sur l'acte de témoigner en littérature. Puisse-t-il contribuer à marquer un tournant dans l'histoire de la réception d'un genre qui demeure encore trop souvent relégué dans une position marginale, alors même qu'il a donné, selon les mots de Georges Perec, «l'exemple le plus parfait de ce que peut être la littérature».