Paru le 01/04/1994 | Broché 253 pages
On grandit dans l'ambiance tutélaire de la Maison, on la quittera un jour au bras d'un homme semblable à ceux de la famille pour habiter dans une autre Maison. En attendant que s'accomplisse ce destin conforme à l'ordre des choses, on fait l'apprentissage de la vie. C'est la curiosité qui incite Laurence à suivre dans les bois Philippe, l'invité de son père venu à la saison de la chasse - et la confrontation entre la science théorique des ses dix-huit ans et la réalité provoque surtout chez elle la terreur d'être enceinte et par conséquent d'être bannie du paradis de la Maison. Se marier avant que le faux pas soit découvert, elle n'a que cette idée en tête mais, une fois rassurée, une fois devenue l'épouse aimée de Philippe, elle regimbe contre le destin qu'elle s'est forgé. Qu'attend-elle de si merveilleux ? Lorsque Pierre croise son chemin, elle pense l'avoir trouvé.
Elle a pris l'élan des corps pour celui du cœur et le découvre en constatant qu'elle est enceinte. Avoir un enfant sans que le divorce soit terminé est impensable, tout le monde le lui dit, Pierre le premier. Pourtant, cette promesse de vie semble à Laurence, reniée par les siens, l'unique bien qui lui reste au monde. Sa suppression, c'est le nœud du drame que Laurence raconte ici au jour le jour, sans détours ni complaisance.
Ainsi, le roman, dont les qualités formelles sont étonnantes, oscille perpétuellement entre les thèmes essentiels de la vie et de la mort, à travers cette quête dont la seule arme est un miroir tendu. La durée est de quelques mois, sa nécessité, son rythme sont en quelque sorte viscéraux. C'est une lutte sourde, gigantesque, entre d'une part la Maison, l'enfance, le sentiment vital de la nature, et une réalité sociale, physiologique, urgente.
Un remarquable premier roman.
Rappelez-vous les premières pages de ces inconnus qui se nommaient : Nimier. Mallet-Joris, Blondin... Sagan... Le Clezio : pouvait-on s'y tromper ? Eh je cours le risque de l'écrire ici : Claire Gallois fera partie de la famille.
François Nourissier
