Collection(s) : Indigène esprit
Paru le 28/11/2008 | Broché 233 pages
Tout public
traduit de l'anglais par et avant-propos Sylvie Crossman
Albert Camus & l'Inde
Il reste un mystère Camus. Et s'il était percé, enfin, grâce à cet essai de Sharad Chandra ? Oui, si L'Étranger devait se lire comme un cheminement vers l'épurement, la vacuité ; Le Mythe de Sisyphe comme un appel à l'Éveil ; La Peste comme l'aspiration à une « sainteté sans Dieu » ; Noces comme une nostalgie de l'unité originelle ; tous concepts et pratiques au coeur de l'hindouisme et du bouddhisme ?
On pourrait croire aux voeux pieux d'une passionnée, par ailleurs poétesse et traductrice en hindi de l'écrivain français. Mais Sharad Chandra nous révèle que le jeune Camus, élève de Jean Grenier - lui-même fin connaisseur de la civilisation indienne et traducteur du sanskrit -, avait lu, à Alger, la Bhagavad-Gîtâ, ce grand texte populaire qui résume toute la philosophie indienne. Elle relit ses Carnets, note la récurrence des renvois aux Védâs, ces hymnes sacrés de l'Inde pré-chrétienne, et à leurs commentaires, les Upanishads ; mais aussi au « bouddha Cakia-Mouni », aux « yogis du Thibet » ; à la méditation : « Ce qui me plaît, porter sa lucidité dans l'extase » ; et même à la syllabe sacrée des Hindous : « " Aum ", le maître-mot qui illuminerait toute chose. »
Le mérite de cet ouvrage est, outre de nous initier à la philosophie indienne, de décupler encore la portée de l'oeuvre camusienne, tout en rappelant aussi qu'elle s'est formée sur la terre algérienne et au contact des pensées de Saint-Augustin et de Plotin, elles-mêmes pétries d'influences orientales.
Sharad Chandra, né en 1943 à Jaïpur, vit aujourd'hui à Noïda. Écrivain, elle est la traductrice, en hindi, d'Albert Camus mais aussi de Claude Simon, Jean-Paul Sartre et Michel Déon. Grand Prix du rayonnement de la langue française de l'Académie française en 1993, elle est membre fondatrice de la Société pour des valeurs humaines et pour une responsabilité universelle, à New Delhi.