Paru le 20/11/1991 | Broché 295 pages
traduit du norvégien par Charles Aubry
"Elle marche, s'enfonce dans la neige, se dégage, oubliant presque la peur tapie au fond d'elle-même.
Une bande de corneilles sort de la nuée et pique droit sur elle. Elles criaillent sans fin, poussées par le vent mauvais qui s'abat sur le monde.
Et l'épouvante étreint Alberte. Sans plus de résistance, elle fait demi-tour et se met à courir ; prise de panique, elle trébuche, tombe, se relève et se remet à courir de plus belle, pour ne s'arrêter qu'à l'approche des lumières de la ville.
[...] Où aller désormais ? se demande-t-elle. Je n'ai plus nulle part où aller. Les autres routes sont pleines de gens, et là-haut, la peur me saisit toujours. Je ne suis rien, rien cette année, comme je n'étais rien l'année dernière."
Cora Sandel (1880-1974) apparaît dans la littérature norvégienne comme le plus grand auteur quand il s'agit de décrire des destins de femmes. Alberte et Jacob, son premier roman paraît en 1926.
Pour elle, l'écriture naît de «tout ce qui en nous se dépose, devient expérience, rend vivants notre révolte, notre indignation, notre instinct de conservation ou notre compassion».
