Paru le 18/09/2002 | Broché 290 pages
Public motivé
«Tu me demandes ce que représente Alexandrie pour lui. Il me faut commencer d'abord par décrire ce que sa mémoire avait retenu d'elle, vingt-deux ans après son départ, après un exil qu'il lui faut reconnaître aujourd'hui comme volontaire et qui l'avait tenu éloigné d'elle un temps infini, une vie d'homme comme on dit. Mais je ne saurais t'en parler sans m'attacher à te dire que l'insoutenable de sa nostalgie d'Alexandrie s'est comme précipité, en ce temps où l'histoire se recompose, cesse de se nourrir de réminiscences, pour tendre vers une construction singulière [...].
Debout, campé sur la vieille ville, un pied planté sur le Marché des Filateurs, l'autre pied sur le Marché aux Epices, sa main gauche reposait sur le Marché des Orfèvres. De sa main droite, le septentrional a lancé trois poignards autour desquels s'enroulaient les cheveux d'Alexandrie. Et la ville s'est étirée, désarticulée, déformée, meurtrie [...].
La deuxième boucle de la chevelure d'Alexandrie s'étire le long du rivage, le long de la mer. Corniche jalonnée de palmiers et bordée de grands immeubles de pierre de taille.»
Alexandries
Jacques Hassoun, né à Alexandrie (Egypte), écrivain et psychanalyste, président de l'Association pour la défense du patrimoine culturel des Juifs d'Egypte, est l'auteur notamment de Fragments de langue maternelle (Payot, 1979), Juifs du Nil (Le Sycomore, 1981), Les Juifs d'Egypte : images et textes (Le Scribe, 1982), Alexandries (La Découverte, 1985), Les passions intraitables (Aubier, 1989), La cruauté mélancolique (Aubier, 1995).
