Au Caucase et en Chine

L'Orient fut toujours, pour le comte Jean, le moteur de la rêverie comme celui de l'Histoire. Le Manuscrit trouvé à Saragosse ressuscite une Espagne qui est fille des Mille et une Nuits non moins que du Quichotte. Et les recherches de l'auteur sur l'origine des peuples slaves, qu'il avait entreprises dans le souci de redresser l'équilibre d'une Europe où l'Est aurait enfin son mot à dire, l'entraîneront bientôt loin au-delà de la Volga et de l'Oural.

Au printemps de 1797, il part pour les steppes d'Astrakhan et le Caucase étudier les tribus venues là depuis les plateaux de la Haute Asie. Témoin privilégié d'un univers promis à la disparition, il nous livre observations et réflexions avec un sens de la couleur, du détail juste, qui fait merveille. Huit ans plus tard, le jeune tsar Alexandre I^er (celui de La Guerre et la Paix) le nomme directeur scientifique d'une imposante mission chargée de gagner Pékin en traversant la Sibérie et la Mongolie. Les voyageurs s'arrêteront aux portes du désert de Gobi, mais la moission d'informations ramenée par l'insatiable Potocki fait oublier cette rencontre manquée entre l'Europe des Lumières et l'empire des Fils du Ciel.