Collection(s) : Le sens de l'histoire
Paru le 20/11/2001 | Broché 169 pages
Tout public
traduit du yiddish par du yiddish Batia Baum | édition Philippe Mesnard, Carlo Saletti
Zalmen Gradowski faisait partie de ces «équipes spéciales», Sonderkommandos en allemand, qui, assurant le fonctionnement des chambres à gaz et des crématoires d'Auschwitz-Birkenau, assistaient aux opérations de gazage. En écrivant Au cœur de l'enfer, Gradowski témoigne de la disparition de son peuple et de tout ce que cette disparition entraîne avec elle. En ce sens, à la valeur historique de ce document, s'ajoute une remarquable valeur de transmission de la culture et du monde que Gradowski voit disparaître devant ses yeux. L'étonnante qualité de ce texte vient de la vocation d'écrivain que l'auteur avait déjà manifestée avant-guerre, sans que la possibilité de publier lui soit donnée à temps ; accomplissement tragique, il ne réalise son destin littéraire que dans des conditions d'existence infernales.
Gradowski rédige ce texte en 1944 et il l'enfouit près d'un crématoire avant d'être assassiné. Infortune de la mémoire, le manuscrit, découvert après-guerre, n'est édité en yiddish en Israël que tardivement (éd. Wollnerman, 1977) et seuls quelques extraits sont, par la suite, traduits aux Etats-Unis. Cette édition française est la première édition intégrale, disponible publiquement, de Au Cœur de l'enfer.
Cette édition a été dirigée et son appareil critique préparé par Philippe Mesnard, auteur d'ouvrages sur la mémoire et la représentation, et Carlo Saletti, éditeur, en 1998, de Il racconto della catastrophe (Société littéraire de Vérone, 1998) et de La Voce dei Sommersi (Marsilio, Venise, 1999).
Zalmen Gradowski est né en 1910 à Suwalki, ville polonaise située près de la frontière lituanienne, dans une famille de commerçants très religieux. Le 8 décembre 1942, il est déporté avec sa famille à Birkenau qui est gazée le jour même ; quant à lui, il est rapidement transféré au Sonderkommando du crématoire III. Il est assassiné le 4 octobre 1944 lors de la révolte du Sonderkommando dont il est un des chefs.