Paru le 26/04/2005 | Broché 121 pages
Pour la mère et le fils, le temps s'arrêtait dans la réalité de l'instant. Jamais je ne m'étais senti lié à cet autre moi-même par un fil plus mince, comme si, à chaque seconde, ce fil pouvait se rompre. C'est une chose extraordinaire que de se survivre et j'eus conscience que j'allais devoir le faire, que désormais rien ne serait jamais plus comme avant. Je vis dans les yeux de cette femme qu'elle était déjà dans la mort et toute une vie passa dans cet échange de regards. Les images que j'avais gardées de nous deux et même les impressions anciennes confusément ressuscitées à travers l'instant, enrichissaient l'intensité de notre présent et la désespérance de notre avenir. Je me sentis glisser vers la solitude, le détachement des choses et des êtres. Tout ce qui me restait de force se rassemblait dans l'événement que j'étais en train de vivre, dans l'accélération du temps, dans la frayeur de l'inexorable.
Jean-Paul Choisy nous parle d'une femme. De toutes les femmes à travers elle. D'un cri qui relie le ciel à la terre, la naissance à la mort, l'absolu à la souffrance. D'un cri qui nous parle de silence. Pour mieux entendre entre les lignes ce "je t'aime" à mille voix. A sa voix. Pour mieux entendre l'importance de ces moments à côté desquels, trop souvent, nous passons sans nous arrêter.