Collection(s) : D'un lieu l'autre
Paru le 24/03/2004 | Broché 229 pages
traduit du turc par Esther Heboyan
L'écriture n'est peut-être qu'une illusion. Mais c'est aussi une manière de sauter dans le vide, de défier la mort, surtout si les mots sont devenus une partie intégrante de votre être, une substance indispensable à votre vie, votre univers inéluctable en fait. Néanmoins, on ne peut vaincre la mort ni en donnant la vie à un enfant ni en traçant des mots sur la page blanche. Tout au plus, on peut soit procréer - en ce qui me concerne, j'ai une petite fille de neuf ans qui s'appelle Leyla comme ma mère - soit créer un monde imaginaire. Les enfants, au fil des ans, deviennent grands et, nul doute, beaux. Il en sera de même pour ma fille. Les mots, eux, un beau jour, s'éparpillent au gré des pages qui se dispersent au vent.
Nedim Gürsel, qui est né en 1951, s'ouvre à l'autobiographie avec cet émouvant récit, sans fard et non sans poésie. Il raconte le retour au pays des «poissons captifs», Balikesir, la ville turque de son enfance. Retour, aussi, sur lui-même via les autres lieux où s'inscrivent son histoire et celle de sa famille, à commencer par Istanbul et Paris, aujourd'hui son port d'attache. Et retour sur son oeuvre, abondante et régulièrement traduite en français (pour l'essentiel aux Éditions du Seuil), qui le place dans le cercle fermé des écrivains turcs d'audience internationale. Un texte intime qui, par petites touches, donne de la Turquie moderne une vision de l'intérieur.