Critique
Re^ves est un roman à priori destiné aux enfants et adolescents, mais est tout aussi captivant pour les adultes aux cœurs jeunes qui ont conservé ou veulent retrouver un regard empreint d’innocence sur le monde. J’en suis la preuve. L'histoire suit Travis, un jeune orphelin en soif d'aventures qui brave les limites de son quotidien en quête de vérité et de mystères. Ce en quoi Travis est également en quête, probablement à son insu, c’est d’une famille. Et heureusement, il semble la trouver au fil des chapitres.
L'une des caractéristiques du roman est son style d'écriture délicat et poétique. L'auteur parvient en effet à articuler un récit touchant qui captive dès les premières pages. Sa sensibilité se reflète non seulement dans les mots, mais aussi à travers les illustrations qui parsèment le livre. Les dessins de l’auteur sont d’une beauté et d’une finesse qui retiennent l’attention et transforment certaines pages en de véritables œuvres d'art, rappelant par moments l'esthétique du manga puisqu’une des particularités de ce roman est l'utilisation de planches de bande dessinée en guise de dialogues. L'auteur nous invite donc à nous plonger dans une histoire où mots et illustrations fusionnent pour créer une expérience de lecture immersive, qui donne une dynamique plutôt unique au récit puisqu’elle offre une dimension interactive qui engage le lecteur d'une manière peu habituelle et très captivante.
Re^ves se démarque également par une intrigue complexe et mystérieuse. Les rencontres insolites et étranges de Travis lui révèlent presque à chaque fois une réalité souvent incomprise ou invisible aux yeux des autres et même à ceux du lecteur, pour qui l’ouverture vers ce monde imaginé, imaginaire ou simplement inconnu est une véritable bouffée d’air frais qui permet de se plonger dans un univers tout à fait hors du temps. Par ailleurs, une ombre mystérieuse, liée au passé du jeune héros, apporte une dose d'intrigue supplémentaire, créant une tension constante et un suspense qui piquent notre curiosité. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est que le parcours de Travis s'entrelace avec des rencontres tout aussi intrigantes que touchantes, lui créant petit à petit une famille forgée par les liens du cœur. Cette idée transparaît en effet subtilement tout au long du récit, soulignant que la vraie famille est parfois celle que l’on se construit, une thématique qui résonne puissamment dans le cœur des lecteurs, en particulier dans le mien.
La clé des aventures de Travis semble résider dans ses rêves, ou en tout cas dans ce qu’il pense être (ou ce que le lecteur pense être) des rêves (et qui le sont peut-être finalement), offrant une perspective intrigante sur le pouvoir de l'imagination. Une clé qui se trouve dans l’univers onirique donc, mais aussi à aller chercher du côté de la notion du temps, qui semble être un élément capital dans la destinée du jeune garçon. Cette temporalité singulière est de plus utilisé par l’auteur via diverses subtilités narratives, pour vraiment souligner son rôle central dans l'histoire de Travis et créer une atmosphère où chaque instant semble chargé d'une signification secrète (j’ai d’ailleurs pu remarquer que certains symboles mystérieux étaient placés par-ci par-là dans les illustrations). Cela ne peut évidemment que participer à l’attachement que l’on développe pour Re^ves, son héros et son auteur, et donne une furieuse envie de pouvoir lire la suite de ce premier tome.
Tous ces éléments font de ce roman une lecture incontournable. Avec ce premier roman, l'auteur réussit à créer un monde fascinant où réalité et rêve s'entremêlent, laissant les lecteurs impatients de découvrir la suite des aventures de Travis. Un véritable coup de cœur pour les amateurs d'histoires à la fois fantastiques, captivantes et sensibles.
S. Larcin, scénariste et réalisateur
