Collection(s) : Cinémas en champ-contrechamp
Paru le 24/08/2023 | Broché 256 pages
Public motivé
« Instigatrice d'une norme, insufflatrice de désir (les êtres clairs de peau étant les plus désirables) et objet des toutes les convoitises (chacun et chacune rêvant d'avoir cette peau), la peau claire que l'on voit dans le cinéma hindi n'a pas son pareil. Mais en Inde, les cinématographies sont nombreuses, et j'ai essayé dans ma recherche de faire ressortir leurs spécificités afin de savoir si elles pouvaient se distinguer en fonction des couleurs de peau. Allégorie d'une nation "bicolore", les cinémas indiens construisent chacun à leur manière une image de l'Inde. »
Blanc Bollywood revient sur l'omniprésence des peaux blanches au cinéma et interroge une image de l'Inde et des images de soi bouleversées par cette échelle colorimétrique. Entre l'anthropologie et l'histoire des cinémas indiens, cet essai soutient qu'il existe en Inde une norme colorée avec laquelle on représente les corps. L'art pictural, mais aussi le cinéma ou encore les illustrations des magazines féminins, semblent s'inscrire dans une même tradition : représenter un monde idéal dans lequel la blancheur de la peau est la norme, créant ainsi une couleur de convention, une couleur ni réelle ni réaliste, mais qui permet d'inscrire la clarté du teint comme un élément indissociable des notions de beauté et de modernité. Dans ce système coloré, chaque écart fait sens, les peaux noires et les peaux marron devenant des signifiants qui interpellent le spectateur.
Hélène Kessous est docteure en Anthropologie sociale et ethnologie de l'École des hautes études en sciences sociales. Elle poursuit les recherches débutées dans sa thèse intitulée « La blancheur de la peau en Inde. Des pratiques cosmétiques à la redéfinition des identités ». En 2023, elle est commissaire de l'exposition Bollywood superstars. Histoire d'un cinéma indien, au Louvre Abu Dhabi et au Musée du Quai Branly à Paris.