Paru le 31/03/2021 | Broché 223 pages
Tout public
Boutros al-Boustani
Intellectuel et notable protestant
Né dans une famille maronite du Chouf (Liban) et formé dans le prestigieux collège de 'Ayn Warqa, le jeune Boutros al-Boustani tourne le dos en 1840 à sa communauté d'origine et rejoint à Beyrouth les missionnaires américains récemment installés. Pendant près de vingt ans, il s'associe à leur vie et à leurs activités : enseignement, rédaction de manuels, édition de livres et surtout traduction arabe de la Bible. Il s'émancipe de leur tutelle à la fin des années 1850 et conduit avec succès ses propres projets : il crée une école « nationale », plusieurs journaux et une encyclopédie.
Érigé en précurseur de la renaissance (Nahda) et du nationalisme arabe par George Antonius dans The Arab Awakening, Boustani a vu par la suite son rôle bien plus souvent minimisé par les historiens, avant un retour en grâce inattendu depuis une vingtaine d'années. Cet essai biographique - le premier dans une langue européenne - propose de reconstituer, malgré ses zones d'ombre, le parcours de Boutros al-Boustani. Un parcours où se mêlent inextricablement idées réformistes et projets concrets. Car Boustani est homme d'action autant que visionnaire, porteur d'une philosophie sociale plutôt que d'une doctrine politique. Partisan de l'éducation des femmes, ennemi du sectarisme religieux, il prônait l'ouverture à la modernité occidentale, mais sans mimétisme.
Il a été, sans conteste, le premier entrepreneur culturel privé, précurseur des écrivains, journalistes, patrons de presse qui ont évincé le lettré traditionnel.
François Zabbal est historien, philosophe et traducteur littéraire, titulaire d'un doctorat de troisième cycle et d'un doctorat d'État ès lettres. Il a enseigné la philosophie à Beyrouth (19/2-1984), avant de rejoindre en 1986 l'Institut du monde arabe (Paris), oit il a fondé la chaire de l'IMA et la collection du même nom chez Albin Michel. Il a traduit en français plus de dix romans arabes et l'essai en anglais de Muhsin Mahdi sur Alfarabi et la Cité vertueuse (2000). Il a été le rédacteur en chef du magazine Qantara de 1996 à 2018.