Paru le 07/10/2021 | Relié 160 pages
Tout public
avec la participation de Jean-Claude Cayol, Alain Frébault, Gilles Guigues et al.
Les photographies de Bernard Sanchez sont avant tout un témoignage sur les paysages naturels des Calanques. Cet espace semi-désertique, surplombant la Méditerranée, possède une géologie unique, où le minéral omniprésent occupe presque entièrement l'espace, Sans répit, la pierre subit un long processus d'altération. Mistral, vent d'est et vents marins burinent la roche, lui donnant ainsi des formes étranges et fantasmagoriques. Dans ce monde minéral austère, la pierre se décline sous toutes ses formes : monolithes, arches, aiguilles, tours, pinacles, falaises...
Bernard Sanchez. Mes travaux sur les paysages de Provence ou des Calanques, révèlent un choix et une esthétique affirmés. J'opte pour une approche très directe du sujet où clarté et netteté des plans sont une constante. Afin d'obtenir le résultat escompté, j'utilise une chambre photographique ou des objectifs à bascule sur trépied, outils qui correspondent le mieux à ce que je cherche à traduire. Pourtant il ne s'agit pas de réduire la photographie de paysage à une simple technique. Reste à rajouter l'impalpable, l'émotion indispensable pour donner de la profondeur au paysage, observer pour choisir l'instant, être attentif aux infimes modifications et attendre la lumière... capter l'instant où tout se conjugue.
Cet espace semi-désertique, surplombant la Méditerranée, possède une géologie unique, où le minéral omniprésent occupe presque entièrement l'espace. Sans répit, la pierre subit un long processus d'altération. Mistral, vent d'est et vents marins burinent la roche, lui donnant ainsi des formes étranges et fantasmagoriques. Dans ce monde minéral austère, la pierre se décline sous toutes ses formes : monolithes, arches, aiguilles, tours, pinacles, falaises... Sur ce continent de calcaire, la violence du monde se donne à voir dans sa vérité ni sévère ni dure, mais simplement réelle. Toutes les forces élémentaires agissent de concert et luttent en permanence les unes contre les autres, les unes avec les autres. C'est aussi l'idée d'un temps, non linéaire, dans lequel vie et mort se nourrissent mutuellement. Dans ces conditions climatiques sévères, la puissance du paysage des Calanques, âpre et désolé, m'envoûte. Photographe, ce qui m'anime est de révéler la force dramatique et le pouvoir émotionnel suggérés par ces excroissances minérales brûlées par la chaleur. C'est alors une autre lecture du paysage, loin du style « carte postale » consensuel ou rassurant qu'offre le ciel bleu de la Méditerranée. Sur les images, la matière doit s'exprimer et s'offrir à l'état brut : rochers nus, ciels d'orages, nuages déchirés par les rayons de lumière... Le travail des images en noir et blanc est une démarche réfléchie afin d'aller à l'essentiel, dans la mise en valeur des formes, des volumes et des textures. De même, la recherche délibérée des contrastes permet de révéler cette ambiance minérale. Dans le viseur, il faut exclure volontairement la présence humaine et montrer les sites dans leur solitude intemporelle, tels qu'ils s'offrent au regard depuis des millénaires.
Gilles Guigues est un philosophe né en 1961 à Marseille, docteur ès lettres et arts du LACS (Lettres, Arts, Communication et Sciences du langage) de l'Université de Provence, Aix-Marseille I. Après avoir soutenu une thèse de doctorat de troisième cycle en philosophie de l'art ou esthétique, il assure la direction de recherches et enseigne la philosophie dans l'ingénierie sociale et culturelle dans différents centres d'études supérieures. Membre du jury DEES.
Il a publié les essais suivants :
Il est également l'auteur de deux romans :
En publiant plusieurs articles, il a fourni diverses contributions à des revues nationales et internationales transdisciplinaires (arts, littérature et philosophie). Pour une biographie complète, voir le site : gillesguigues.weebly.com
