Paru le 05/04/2013 | Broché 235 pages
traduit du turc par Catherine Erikan
Le point de vue des éditeurs
Dans la préface de ce roman, Sema Kaygusuz dit les silences que lui ont imposé ses origines alévies. Elle parle de sa naissance tant désirée par sa mère, qui lui a offert les mots et les rêves, mais elle ajoute le souvenir de l'instant précis où sa grand-mère, évoquant pour la première fois les massacres de Dersim en 1338, lui a lancé dans un soupir : « Ils nous ont égorgés. » Quatre mots que Sema a perçus au plus profond de son être telle une marque sur son visage.
Et ce livre se déploie à cet endroit précis de la mémoire. Porté par une langue exceptionnelle, d'une profondeur et d'un éclat cristallin, il restitue à la fois l'imbrication contemporaine du sacré et du profane, la puissance de traditions qui dépassent largement la superstition, et l'aspiration de la littérature turque à dire - enfin - le patrimoine légendaire d'une terre où se sont succédé plus d'une civilisation, des Hittites à la république d'aujourd'hui : cette terre d'Anatolie où se sont déroulés drames et malheurs sous le sceau du secret pendant si longtemps.
Sema Kaygusuz est née en 1972 à Samsun. Son père étant officier, elle a habité plusieurs régions de la Turquie. La Chute des prières (Actes Sud, 2009), son premier roman, a été salué par la presse française comme une réussite exceptionnelle.