Paru le 03/05/2023 | Cartonné 183 pages
Avec cet essai graphique, Thierry Murat propose un véritable prolongement de l'ouvrage de Miguel Benasayag, Cerveau augmenté, homme diminué (La Découverte, 2016), dans lequel l'auteur dénonce les dérives de l'idéologie transhumaniste et aborde notamment les questions d'hybridation inévitables entre l'homme et la machine. Il en résulte cette rencontre dessinée entre un philosophe et un auteur de bande dessinée qui développent et analysent ensemble ces sujets parfois complexes, sur un mode généreux et complice, afin de déconstruire cette vision postmoderne qui a conduit l'humanité à considérer son propre cerveau comme un ordinateur qu'il faudrait optimiser. Loin de toute forme de technophobie radicale, les deux auteurs nous alertent de manière lucide et argumentée sur les dangers de la « colonisation numérique » de nos sociétés, en prenant soin de ne pas en dramatiser les enjeux.
Miguel Benasayag est franco-argentin. Il est philosophe, psychanalyste et chercheur en épistémologie. Docteur en psychopathologie et directeur de recherches en anthropologie et sociologie, il a travaillé pendant une trentaine d'années en clinique pédopsychiatrique. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages, aux Éditions La Découverte notamment. Après avoir résisté à la dictature militaire en Argentine à la fin des années 1970, il oriente aujourd'hui son travail de philosophe vers une autre forme de résistance plus globale face à la virtualisation de nos existences. Il développe une pensée de l'« agir » par et pour la singularité du vivant.
Thierry Murat est auteur de bande dessinée depuis le début des années 2000. Il a publié de nombreux romans graphiques au dessin impressionniste, teintés d'ambiances cinématographiques et contemplatives. Son approche narrative de l'image le démarque résolument des productions contemporaines. En marge de la bande dessinée classique, et malgré tout repéré, il a reçu plusieurs prix pour ses livres, dont celui des Rendez-vous de l'histoire de Blois en 2016. Absent des réseaux sociaux, il n'est ni technophobe ni asocial. Mais, comme le dit Bartleby, le personnage éponyme du roman d'Herman Melville, il « préfère ne pas ».
