Collection(s) : Champs psychanalytiques
Paru le 29/09/1995 | Broché 172 pages
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Cézanne, le premier, nous a obligés à ne pas faire de la délectation la fin de la peinture. Pourquoi et comment s'accomplit la révolution cézannienne qui tend à exclure toute autre référence que la peinture ? La figure humaine elle-même doit se soumettre à des impératifs uniquement picturaux. Mais cent ans après, Les Baigneuses désorientent encore.
Les toiles de jeunesse sont traversées par une passion et une violence qui font du premier Cézanne un peintre romantique préfigurant l'Expressionnisme. Il abandonne à partir de 1872 sa manière fougueuse et les thèmes érotiques et violents pour construire des œuvres longuement élaborées dans lesquelles il tente de concilier la nécessité de donner une expression figurée à son monde interne avec la réalité sensible. Pourquoi ?
Son désir de peindre, transgression d'une phobie du toucher, se place sous le signe du conflit. Il considères ses œuvres comme des études et laisse visibles les traces du combat. L'auteur à la poursuite de ces traces comprend l'image peinte comme l'aboutissement d'un travail psychique comparable à celui du rêve : figuration d'un désir, elle est ouverture sur l'inconscient et obéit à ses lois.
Pour préserver sa possibilité de peindre, Cézanne opère un bouleversement esthétique, une ascèse : les «déformations» et l'évolution du style obéissent à une nécessité interne. Le conflit est au cœur de la création et modèle les formes. C'est en ce sens que, chez Cézanne, l'inconscient est véritablement maître d'œuvre.
